Bonjour,
Tout ce qui a été dit est juste, même quand il y a en apparence des contradictions, mais on peut essayer de conceptualiser et de mettre quelques chiffres pour mieux comprendre.
CONSTATATIONS :
Cerber dit que l’humidité de son atelier ne provient plus de fuites en toiture, ne de fissures dans les murs, ni de l’humidité du sol qui grimperait dans les murs (si c’était le cas il existe une solution à cela).
Il constate une condensation de l’humidité de l’air sur les murs et qui semble plus grave depuis qu’il recouvert ceux-ci d’une couche imperméable : « l’eau perle sur les murs ».
Toutes les solutions qui ont été avancées fonctionnent : ventiler, chauffer et même refroidir.
La solution des absorbeurs chimiques d’humidité ne parait pas viable à long terme parce que trop fastidieuse à mettre en œuvre. On ne peut pas répéter longtemps l’opération des 5 litres de chaux agricole dans le sceau de 10 litres.
RAPPELS SUR L’AIR HUMIDE
L’air atmosphérique qui nous entoure est un mélange :
- D’air sec (c'est-à-dire azote + oxygène + dioxyde de carbone + gaz rares, etc)
- De vapeur d’eau (on négligera ici les polluants et autres poussières).
Il faut garder en tête :
- Qu’une masse d’air de l’atmosphère, prise à une température donné, ne peut contenir qu’une quantité limitée de vapeur d’eau, exprimée en kg d’eau par kg d’air sec. Si on ajoute de la vapeur d’eau au-delà de cette limite, celle qui est en excès se transforme en eau liquide. L’air a atteint le seuil de saturation.
- Que plus l’air est chaud, plus il peut contenir de kg d’eau à l’état de vapeur par kg d’air sec, sans qu’il y ait condensation.
Si on enferme dans une enceinte en verre 1 Kg d’air sec et 27 gr de vapeur d’eau et qu’on porte le tout à la température de 30°C on aura dans cette enceinte une humidité relative de 99%. On ne verra aucune trace de condensation sur les parois car on est juste au dessous du seuil de 100% d’humidité relative, juste au dessus du point de rosée.
Si on porte cette enceinte à 40°C l’humidité relative tombera à 57% et on s’éloignera encore plus du seuil de condensation de la vapeur d’eau.
Si par contre on descend la température de l’ensemble à 20°C, le Kg d’air sec ne pourra plus contenir les 27 g de vapeur d’eau mais seulement 14,7 g et la différence entre 27 et 14,7 se condensera sous forme d’eau liquide. L’humidité relative dans l’enceinte sera de 100%. On sera tombé en dessous de la température de rosée de cette masse d’air.
L’humidité relative ou degré hygrométrique d’une masse d’air, est le rapport du poids de vapeur contenu dans cet air, au poids qu’il pourrait contenir s’il arrivait à saturation c’est à dire au point de rosée.
1er CAS PRATIQUE : C’EST L’HUMIDITE INTERIEURE QUI SE CONDENSE
C’est le cas ;
- De la buée sur la paroi intérieure du pare-brise d’une voiture
- De la condensation sur la vitre la plus froide d’une maison, généralement en automne et hiver
- De la condensation sur les verres de lunettes quand on vient de l’extérieur où il fait froid et sec et qu’on entre dans une maison où il fait chaud et humide
- C’est le cas de l’atelier de Cerber.
Supposons qu’il fasse 7°C à l’extérieur de l’atelier de Cerber et une humidité relative de 80% c'est-à-dire qu’il y ait 5 gr de vapeur d’eau par kg d’air sec.
Supposons que l’atelier de Cerber ne soit pas chauffé mais il y fasse 4°C de plus qu’à l’extérieur, soit 11°C, grâce à la dissipation de calories de l’éclairage, des moteurs des machines et de « la chaleur animale » de l’Usineux qui s’active autour d’elles.
Supposons qu’il y ait 7 gr de vapeur dans l’air c’est à dire une humidité relative de 85% (Voir le diagramme psychrométrique). Cette humidité est celle de l’air atmosphérique général plus celle de la respiration de l’Usineux, le l’évaporation du liquide de coupe, de l’eau du lavabo de l’atelier, de celle du sol s’il est en terre battue, de certains murs, etc.
Les machines sont à la température ambiante de 11°C et comme humidité relative est de 85% il ne peut y avoir aucune condensation sur les surfaces des machines.
Il n’en va pas de même des murs. La température le leur paroi extérieure est de 7°C, c'est-à-dire la température extérieure.
La température de leur paroi intérieure peut descendre à 8 ou 9°C bien qu’elle soit située dans un atelier où il règne 11°C.
Cela provient de la conduction de chaleur à travers les murs, surtout s’ils ne sont pas thermiquement isolés. Il s’établit un gradient de température à travers l’épaisseur du mur.
Si la paroi intérieure des murs tombe à 8,5°C on atteint le point de rosée pour un air qui contient 7gr de vapeur d’eau par Kg d’air sec.
L’humidité intérieure de l’atelier se condense donc sur les murs, celle de la respiration, des liquides de coupe, etc. si les murs sont poreux comme ceux à la chaux, ils absorbent l'humidité et la restitueront à la première occasion. S'il ne sont pas poreux, parce que revêtus d'une couche imperméable, l'humidité perlera dessus.
IL Y A TROIS MOYENS D’EVITER LE PHENOMENE :
On ventile l’atelier avec de l’air extérieur et cela marche :
En effet en chassant l’air intérieur qui contient 7 gr d’eau par Kg d’air sec et en le remplaçant par de l’air extérieur qui n’en contient que 5 gr on s’aperçoit que l’humidité relative à l’intérieur de l’atelier tombe à 64%, ce qui est sec, et que même contre la paroi des murs elle-même qui est à 8,5°C l’humidité relative est de 75% donc loin de la saturation et du point de rosée. Il n’y a plus de condensation.
Inconvénient de la solution de ventilation : on refroidit l’atelier et on se les y caille.
On chauffe l’atelier et cela marche :
On remonte par exemple la température de l’atelier à 16°C, par un chauffage modéré.
La quantité de vapeur d’eau dans l’air est comme précédemment de 7 gr par Kg d’air sec.
La paroi extérieure des murs est toujours à 7°C comme précédemment. Mais le gradient de température à travers l’épaisseur des murs va changer et la température de la paroi intérieure ne restera pas à 8,5°C mais va forcément remonter un peu puisque l’intérieur de l’atelier est maintenant à 16°C. Admettons que la paroi des murs monte à 10°C. L’air qui vient la lécher se retrouve à 91% d’humidité relative et il ne peut plus y avoir condensation. On va même commencer à sécher les murs.
Inconvénient de la solution du chauffage : douleur au portefeuille de l’Usineux….. mais meilleur confort pour le bonhomme.
On refroidit et cela marche:
Bien sûr il ne s’agit pas de refroidir tout l’atelier mais juste de créer un point froid à l’intérieur.
Par exemple à l’aide d’un petit frigo on refroidit une plaque métallique (ce peut être la plaque de l'évaporateur qui est à l’intérieur du frigo). Un petit ventilateur brasse l’air de l’atelier pour le faire circuler sur cette plaque qui est à 4°C par exemple. Le point de rosée est atteint sur la plaque tant que l’humidité de l’air est supérieure à 5 gr de vapeur par Kg d’air sec (voir diagramme). On assèche donc progressivement l’air de l’atelier et même si celui-ci est à 11°C d’ambiance comme précédemment et que les murs soient à 8,5°C comme précédemment il ne peut plus y avoir condensation sur les murs. En effet avec 5 gr de d’eau par Kg d’air sec, la couche d’air qui lèche les murs est à 75% d’humidité relative, ce qui interdit la condensation. On fait même sécher les murs.
A noter que le fonctionnement du frigo dans l’atelier ne refroidira pas ce dernier et l’Usineux ne se caillera pas. En effet, un frigo dégage autant de calories que de frigories.
Inconvénient de cette solution : elle coûte un peu, mais à mon avis moins que le chauffage. Evidemment au lieu d’un vulgaire frigo il vaut mieux utiliser un appareil à déshumidifier l’air et qui fonctionne sur le même principe.
Pour info: c'est comme cela qu'on sèche les saucissons dans les charcuteries industrielles, pour aller bien plus vite que le séchage naturel à l'air libre.
2eme CAS PRATIQUE : C’EST L’HUMIDITE EXTERIEURE QUI VIENT SE CONDENSER A L’INTERIEUR
C'est le cas de celle qui vient faire rouiller les machines.
On n’en parle pas pour ne pas être trop long.
DIAGRAMME DE L’AIR HUMIDE (Diagramme psychrométrique de l’air)