A vos limes

[jajalv]

Bonjour j.f.

Pour répondre à tes questions, c'est du travail à l'ancienne, du temps où on employait la lime à longueur de journée.
Les machines n'étaient pas ce qu'elles sont maintenant, et les ajusteurs étaient de vrais manuels (pour ne pas dire des artistes).
Comme je fais partie des cheveux gris (ou blancs), j'ai connu ça, mais uniquement en apprentissage.
Par la suite, j'ai ralisé de très nombreux rainurages, mais uniquement dans des douilles en bronze, mais à la machine (même si elle datait d'avant guerre).

 

[jajalv]

Des exemples de rainurage dans les douilles en bronze.
Les alésages font 16.
Les douilles sont ébauchées à 3/10ème, rainurées, puis finies à la côte.

 

[Vieulapin]

Bonjour j.f.

J'abonde dans le sens de Jajalv, en étendant le propos:

C'était l'avant-dernière opération, la dernière consistant à supprimer les bavures provoquées par le grain-d'orge, sans rien détériorer autour.

Pourquoi manuellement ?
— peut-être pour la même raison qui faisait qu'on limait le même morceau de ferraille pendant des jours jusqu'à ce que les 6 faces soient parfaitement planes, parallèles et d'équerre alors qu'il aurait été si facile et rapide de le faire à l'étau-limeur : il fallait apprendre à se servir de ses mains ;
— peut-être parce que, pour un petit atelier, les machines coûtaient proportionnellement beaucoup plus cher qu'aujourd'hui et, de ce fait, étaient moins nombreuses ;
— peut-être parce que les outils abrasifs étaient alors moins répandus, moins fiables et moins diversifiés dans leurs formes, leurs matières et leur mise en mouvement ;
— et puis il y avait la tradition que les anciens se faisaient un devoir de transmettre : ils avaient appris de leurs aînés à faire ainsi ;
— et surtout parce qu'à cette époque, le travail manuel avait encore de la valeur et que le temps était moins compté.

J'espère avoir répondu à tes interrogations.

Cordialement

 

[j.f.]

Merci pour ces réponses claires.

 

[j.f.]

Cet a.m. sur Arte, de 18 h à 19 h, il y avait une documentaire sur la mondialisation avec comme sujet le décolletage et la vallée de l'Arve.

C'est grand, la vallée de l'Arve. De Chicago jusqu'à Shangaï en passant par Prague.

 

[MIC_83]

A coté, ont est des "larves"

 

[Gas23]

Lime, scie, burin, bédane et grain d'orge... 6 heures par semaine en 4 ème et 3 ème technique ! C'était dans les années 59 -60.

6 heures d'ajustage sur 16 heures hebdomadaires d'atelier, ça peut paraître énorme, mais en fait il fallait bien ça pour faire rentrer le mouvement de l'outil dans la routine.

Certains se rebellaient, moi j'aimais assez ça. D'autant qu'on avait toujours d'excellentes limes et la ferraille appropriée. Et le goût de l'ajustage m'est resté.

Il a fallu que l'arthrose s'en mêle pour que je commence à me tourner vers les méthodes modernes de travail. C'est après la retraite que j'ai commencé à acheter du matériel électrique, à part ma fraiseuse horizontale transformée en tour que je bichonne depuis 30 ans.

Et encore... Cette machine de 1870 trouvée enfouie dans la vase dans un moulin à eau écroulé, je l'ai refaite entièrement à la main, y compris l'arbre de broche ovalisé et ses paliers bronze : limes, toile, pied à coulisse et micromètre, finition rodée à la cendre !

Idem pour la ligne d'arbre de mon compresseur bicylindre Westinghouse de camion Latil. Et il a fait tourner mon garage moto pendant plus de 20 ans.

Quand je vois des gars courir dans tous les sens pour trouver quelqu'un possédant la scie mécanique qui leur coupera leur bout de ferraille de 50 x 50, je pleure... Le temps qu'ils trouvent les clés de leur auto, j'ai fini de la leur couper !

Vive la lime ! (Au fait, une vraie lime c'est cher, difficile à trouver et ça ne s'empile pas pêle-mêle avec ses sœurs au fond d'un tiroir... Ça se respecte. )