Re: Appareil haute fréquence sur poste à l'arc ancien "Furet
Bonjour à tous,
Il est bien clair que je ne suis absolument pas prêt à m'embarquer dans un rétrofit ou une modification en profondeur de cet appareil. Mon but est de le faire fonctionner à nouveau, tel qu'il a été conçu à l'origine. Il s'agit donc d'une réparation/restauration (dans le but de l'utiliser "comme à l'époque"). Il est également évident que je n'ai absolument pas les compétences requises pour réaliser ce genre de modifications lourdes, je n'y comprends tout simplement pas assez aux phénomènes en jeu pour que cela ait le moindre intérêt. Mon manque de connaissances de départ est également la raison pour laquelle j'avance (très) lentement, sans précipitation, pour minimiser le risque de bêtise ou d'accident.
Concernant le danger et la prudence requise, j'ai très vite compris qu'on était dans un domaine où cela ne pardonnait pas. Donc toutes les mesures se font "en précablé": le voltmètre est raccordé (via raccords de lustre par exemple) de manière fixe, le circuit est vérifié, et j'alimente seulement à ce moment là, en restant à distance, puis j'observe. Pour le test avec éclateur maison, vous aurez remarqué que je déplace les électrodes avec un morceau de bois. Rudimentaire mais efficace. Bref, revenons à nos moutons.
stanloc a dit:
Je vois que certains se polarisent sur le transfo alors que pour moi jusqu'ici rien n'indique qu'il est en cause.
Stan
Je suis 100% d'accord avec toi Stan. Néanmoins, je n'avais pas les outils nécessaires pour les démonter et les régler avant hier. En outre, il me semblait intéressant et judicieux de s'assurer autant que possible du bon état ou non du transfo.
Hier, j'ai donc eu l'occasion de travailler à la fois sur le transfo et les éclateurs, je vous livre mes observations.
1) Transfo:
chrisbur99 a dit:
Dans ce poste FURET, visiblement "bricolé" au fil des années
Je pense sincèrement que l'appareil dont je dispose n'a pas du tout été bricolé au fil du temps, hormis au niveau de l'interrupteur en face avant (c'était un interrupteur domestique mural quand je l'ai récupéré). Le circuit à l'intérieur du boitier me semble parfaitement complet et dans l'état tel qu'il a été assemblé il y a plus de 60 ans: uniformité dans les connexions (serties et soudées), isolation à base de "sparadrap, pas de trous de fixations inutilisés, bref vraiment pas de traces de bidouille. Tout au plus voit-on quelques traces d'outils au niveau du réglage des éclateurs, ce qui semble assez normal.
chrisbur99 a dit:
A vue de nez, ce transfo est de la taille d'un 100 VA "moderne", pas plus, si le transfo est vraiment de 1947 ça voulait dire à l'époque : pénurie de bons matériaux, ça veut dire que le noyau magnétique est en acier à ferrer les ânes (grosses pertes)
Il n'y a pas de date sur la plaque signalétique de l'appareil à haute fréquence. Mais la date de 1947 est bien visible sur la plaque signalétique du poste à souder auquel cet appareil est associé. Et les méthodes d'assemblage et les matériaux sont très proches entre les 2 appareils. Donc si ils n'ont pas le même âge exactement, ils ne sont à coup sûr pas très éloignés.
Dans la brochure consacrée au poste à souder (voir première page de ce sujet), on parle du matériau utilisé pour le circuit magnétique:
Les circuits magnétiques sont constitués de tôles au silicium, minces 0.3mm d'épaisseur, qualité 1.3W/kg, ce qui permet d'avoir des pertes par courants de Foucault très réduites.
Les deux noyaux magnétiques principaux du transformateur sont situés dans le même plan et réunis par des culasses à joints enchevêtrés.
Les tôles sont isolées l'une de l'autre par du papier collé donnant une surépaisseur totale de 0.04mm. Elles sont assemblées en alternant les joints et maintenues par des longerons en hêtre imprégénés et serrés au moyen de tiges en bronze à haut coefficient de résistance. Le serrage est effectué en dehors du circuit magnétique et par conséquent sans perçage de trous dans les tôles, pour éviter des pertes supplémentaires par courant de circuit local et réduire au minimum la consommation à vide.
Le transfo HT sortant des mêmes ateliers, on peut s'attendre à une fabrication et à des matériaux similaires. Pour ce qui peut en être vu, la méthode d'assemblage est dans tous les cas identique (longerons en hêtre, tiges en bronze à l'extérieur du circuit magnétique, joints enchevêtrés...). Pour les tôles, je ne peux pas donner d'info sur leur nature, hormis que j'en compte 80 superposées pour une épaisseur un peu en dessous de 30mm (mesure grossière, et je n'ai pas le transfo tout près pour la refaire). 80 * (0.3 + 0.04) = 27.2mm, donc on est dans les mêmes eaux que ce qui est décrit pour la construction du transfo du poste.
Il n'y a aucun entrefer visible sur ce transfo. Au niveau des dimensions, le circuit magnétique est un carré de 110mm extérieur et 70 mm intérieur. La section du circuit magnétique est donc de 20x30mm environ. L'enroulement primaire mesure (vu de face, l * p * h) 75 * 70 * 55, chacun des secondaires 95 * 105 * 25. Le transfo complet pèse environ 4350g. Voilà pour ses mensurations.
Je n'ai (évidemment) pas de stock le chapelet de résistances "de puissance" me permettant de le tester en charge, je n'ai donc pas encore pu effectuer ce test. J'ai par contre pu faire le test suivant:
Kozan a dit:
Si le transfo attaqué par un primaire, puis par un autre (enlever le retour électrique à la lame ) , donne la même valeur au secondaire, je dirai, qu'il y a peu de chance que le transfo se soit mis en court circuit de la même façon sur les 2 enroulements.
Si j'ai bien compris, il s'agissait de désaccoupler les 2 secondaires, d'alimenter le primaire en basse tension, et de voir si la tension sortie par chacun des secondaires indépendants était identique. Je n'avais pas 3 multimètres sous la main, donc j'ai fait le test successivement, voici ce que cela donne:
Secondaire du bas: 9.58V au primaire donne 49.382V (valeur fluctuant de quelques dizaines de millivolts)
Secondaire du haut: 9.57V au primaire donne 49.361V (mêmes légères fluctuations)
Vu qu'il a également été précédemment établi que la résistance des deux secondaires est identique, je pense qu'on peut en déduire que leurs isolations ne sont pas endommagées. Le test sur une charge résistive donnera plus d'information, mais il faudra patienter que je dispose du matériel adéquat.
2) Les éclateurs:
J'ai retrouvé les clés me permettant de démonter les éclateurs, ce que j'ai fait, et j'en ai profité pour donner un coup de nettoyage supplémentaire. Les parties sur lesquelles les arcs se créent sont à chaque fois constituées d'une pastille rapportée en métal dur. De crainte de trop attaquer ce matériaux, je me suis contenté d'une brossage minutieux avec une brosse à bougie en laiton. Ce brosse douce (utilisée également il y a quelques jours lors du précédent nettoyage) a eu pour effet me semble-t-il d'ôter le dépôt terne de ces pastilles, sans attaquer la matière "saine". C'est pourquoi les micro-cratères et "fissures" y sont toujours visibles. J'hésite à y aller avec quelque chose de plus mordant (papier très fin à l'eau, ...). Voici les photos, qu'en pensez-vous?
Au niveau de l'écartement, on avait 0.8mm avant démontage. J'ai donc remonté avec ce même écartement, et effectué le test suivant:
Kozan a dit:
Il y a un essai qui peut être fait, c'est de faire fonctionner l’éclateur sans la charge réalisée par le condensateur et le transfo d'injection HF. (déconnecter le circuit condensateur )
A vide , en 220 (230 ?) , l'éclateur doit continuer à fonctionner. Comme il n'est pas chargé par le circuit de sortie, l’écartement des électrodes doit pouvoir être réglé.
Si cela ne fonctionne pas, c'est du coté du transfo qui alimente l’éclateur qu'il faudra chercher.
Si certaines parties des enroulements sont en court circuit, la tension fournie ne sera pas aussi élevée que normalement, d’où distance d'arc plus faible.
Ou il a des fuites, l'isolant , avec l'age ne faisant plus son rôle.
Secondaire en direct sur l'éclateur sans rien d'autre, à 0.8mm d'écartement, rien ne se passe. J'ai donc réduit à 0.5mm. J'ai eu un amorçage, mais les arcs étaient faiblards. Après 15-20s, cela s'est arrêté. J'ai débranché puis rebranché quelques fois, plus d'amorçage. J'ai fait un nouvel essai à 0.35mm d'écartement. A nouveau, on a eu un amorçage, des arcs faiblards, puis plus rien après quelques secondes. Je n'ai plus réussi à faire démarrer le processus.
Je n'ai pas poursuivi l'expérience, assez surpris de ce qui se passait. Quand je parle d'arcs faiblards, c'est en comparaison des arcs que j'ai vu en alimentant en 400V (voir vidéo au début du sujet). J'ai voulu filmer ce que j'avais ici, mais je n'ai pas eu le temps, car les deux fois cela s'est interrompu avant. D'autre part, en 400V, ce phénomène de coupure après un temps très court n'avait pas lieu, l'appareil a fonctionné pendant au moins 1/2h (à 400V) sans interruption lors de mes essais du poste à souder.
Je suis un peu perplexe...
-Y'aurait-il finalement quand même un problème au niveau du transfo?
-Le nettoyage à la brosse en laiton aurait-il fait plus de tort que de bien (dépôt de laiton?) ?
-... ?