Bonjour Jungo1
Dans un premier temps, j’avais prévu d’acheter un mandrin 4 mors indépendants (avec d’autres pièces) chez Emco. Ainsi, pas de faux plateau à usiner. Prix sur le devis : 875 € ! Plus cher que ce que j’ai payé pour le tour complet (d’occasion). J’ai donc renoncé et me suis rabattu sur un mandrin chinois de Ø 160 chez Otelo. Dès sa réception, démontage complet et ébavurage des éléments de rigueur.
Je vais maintenant te décrire mes étapes successives pour la réalisation du faux plateau. Contrôle quand même si les cotes de ton nez de broche correspondent aux miennes avant de te lancer.
Je me suis procuré une plaque d’acier de 16 mm d’épaisseur (trop dur pour du XC38) dans laquelle j’ai taillé à la scie à métaux un flan de Ø 162 le plus rond possible. J’ai ensuite percé en son centre un trou de 16, j’ai enfilé dans ce trou une tige filetée de 16 et j’ai bloqué le flan entre deux écrous puis je l’ai usiné en mixte : dressage des deux faces (à ras des deux écrous, sans démonter) à 15 mm et usinage à Ø 161 de la périphérie. Contrôle du parallélisme des deux faces au micromètre. Impec. Ensuite usinage sur une face de l'épaulement sur lequel s'emboîtera le mandrin : diamètre 131 (intérieur du corps du mandrin +1) sur 4,5 mm.
Ensuite démontage du 3 mors pour déterminer les cotes du nez de broche : longueur, petit diamètre et angle du cône. Longueur du cône : 11,2 mm à la jauge de profondeur. Pour déterminer le petit diamètre, j’ai regardé la profondeur d’usinage du mandrin Emco : 13,5 mm. Donc une différence de 2,3 mm que j’ai compensée avec une rondelle de cette épaisseur et, après l’avoir placée au fond, j’ai pu mesurer au pied à coulisse le diamètre à cet endroit : 51,5 mm. Pour déterminer l’angle exact, j’ai placé le comparateur sur le chariot supérieur et orienté celui-ci en tâtonnant jusqu’à ce que l’aiguille ne bouge plus quand je manœuvrais la manivelle dudit chariot sur la longueur du cône.
Remontage du mandrin 3 mors, mise en place des mors inversés (serrage sur l'épaulement, sinon ça ne passe pas) et alésage du trou central à la cote de 51,4 mm (parce que la plaque fait 15 et non 13,5) et enfin alésage du cône, grand diamètre sur le devant. J’ai prévu de l’usiner un petit poil (1 ou 2 dixièmes) plus grand pour ne pas avoir à le reprendre. Redémontage du 3 mors et présentation du faux plateau : veine, il y a un jeu d’environ 2 dixièmes sur le cône, que je vais rattraper en creusant la partie du faux plateau qui est en contact avec la joue du nez de broche, et c’est là le plus casse-pieds : remontage puis démontage du mandrin pour essayer de finir par avoir un contact à la fois du cône et de la joue. Je m’y suis repris à cinq fois en enlevant peu chaque fois, donc cinq fois la même opération, cinq fois le contrôle de portée à la sanguine et enfin c’est bon. Maintenant ça va être plus simple.
Plaquage du faux plateau contre sa joue avec la contre-pointe et traçage des trous pour la fixation sur le nez de broche. Ensuite perçage et taraudage desdits trous et mise en place des goujons de fixation (prélevés temporairement sur le mandrin trois mors). Après avoir fixé le faux plateau sur la broche, je passe à l’usinage définitif de l’épaulement sur lequel s’emboîtera le mandrin. Je le finis à 5 mm et de façon à ce que le mandrin s’emboîte pile poil, et enfin j’amène le plateau à la cote de 160 mm.
Comme je suis prudent sur la précision d’usinage de nos amis chinois, je mets quatre vis en place dans les trous taraudés du mandrin pour contrôler les entraxes. J’ai bien fait de me méfier car il y a des différences de distance entre les trous et il y en a même un qui est taraudé un peu de travers. Il faut donc faire un repère sur le mandrin et sur le faux plateau pour qu’en cas de démontage il soit plus facile de faire coïncider les trous. Ces différences me compliquant la tâche pour tracer l’emplacement des trous, je coupe quatre petits bouts de tige filetée, je tourne une extrémité de chacun en cône à 90°, je leur fais un petit méplat de chaque côté du cône et je les visse chacun dans un trou en les laissant dépasser de trois millimètres. J’emboîte le faux plateau sur le mandrin et je frappe l’emplacement des vis avec un jet de plomb. Le bout pointu des vis marquent ainsi l’emplacement des trous à percer. Il ne reste plus qu’à dévisser avec une pince les bouts de tige filetée (d’où l’utilité des méplats) et à percer les trous sur le faux plateau après un bon coup de pointeau.
Après positionnement du faux plateau sur le mandrin, trois des quatre vis tombent impeccable mais la quatrième (celle qui correspond au trou taraudé de travers) force. Je me résous donc à repercer ce trou deux dixièmes plus grand et là c’est bon. Montage de l’ensemble sur la broche et essai : ça tourne bien rond. Reste à fileter trois goujons pour rendre au mandrin trois mors ceux qui lui appartiennent.
Ça n’a l’air de rien, mais j’y ai quand même passé la journée. Mais bon, du temps de retraité, ça ne compte pas.
Voilà, j’espère que mon laïus n’a pas été trop ennuyeux.
Cordialement