Salut,
Merci pour ton témoignage, il confirme malheureusement les impressions que j'avais même si j'espérais que les choses aient évoluées dans le bon sens.
Je me permet quelques réflexions personnelles:
-Les industriels en France considèrent trop souvent leurs ouvriers comme des moyens de productions, il faut que cela leur rapportent un maximum pour le minimum d'investissement. En conséquence les métiers de la production sont dévalorisés à juste titre, car sous payés et sous considérés, ce qui conduit à une logique désaffection de ces voies par les jeunes. Actuellement, les élèves que j'observe en lycée Professionnel, y sont trop souvent orientés par défaut, sans motivation réelle pour les métiers qu'ils préparent, et sont trop souvent empêtrés dans leurs soucis personnels pour pouvoir apprendre.
- Cette situation n'est nullement lié au contexte économique actuelle, mais est purement culturelle, les industriels allemands et japonnais par exemple ont là dessus des politiques radicalement différentes, pour eux l'ouvrier représente la richesse de l'entreprise, et on hésite pas à investir notamment en formation.
-Je me refuse à opposer formation initiale et apprentissage, pour moi les deux voies ont leur raison d'être, il y a des élèves qui ont besoin d'être confronté très tôt au contexte professionnel, d'autres, ont besoins d'un environnement plus scolaire pour s'épanouir. Le problème est qu'en terme de politique éducative on constate un effet de balancier, c'est soit tout l'un soit tout l'autre, en ce moment c'est tout apprentissage, les sections de lycée professionnel et technologique industrielle sont en train de crever. Pendant ce temps des CFA ouvrent de partout. Actuellement ma région (Pays de la Loire) investi 10 fois plus dans un apprenti que pour un lycéen, et c'est juste la deuxième en nombre d'apprentis derrière l'Alsace.
-On nous cite à chaque fois l'exemple de l'Allemagne et les bienfaits de son système éducatif basé sur l'apprentissage, c'est oublier que les allemands en voient aujourd'hui les limites et se rapprochent de notre système pendant que nous sommes en train de tuer le notre. Voir
cet article .
-L'enseignement de l'usinage en France est mort. A l'heure actuelle il ne subsistent que quelques sections de bac pro technicien d'usinage, qui peinent à remplir, et qui sont fermées sitôt que leur effectif devient trop bas aux yeux des technocrates du rectorats. En Bac STI l'usinage disparait complètement du programme. Les procédés de fabrications seront abordés en simulation, les seules réalisations seront obtenues par prototypage rapide par méthode additive (imprimante 3D)
Ne croyez pas que les profs acceptent cela sans rien faire, je ne compte plus les actions d'informations, les grèves, les pétitions pour dénoncer la réforme qui nous arrive pour l'an prochain. Cette réforme a déjà essuyé 2 avis négatifs du conseil de l'éducation, mais cela n'intéresse personne en tout cas pas les médias qui ne relaient plus de ce qui se passe. De toute façon depuis quelque années il semble que toute l'énergie et l'intelligence des cadres de l'éducation nationale est consacrée à la réduction du nombre d'enseignant, et du coût du système éducatif, quel qu'en soit les conséquences pour les élèves et pour l'économie à terme.
C'est quand même une bonne nouvelle pour certains foromeurs, car tout ce qui reste du parc machines des lycées techniques va se trouver sur le marché d'ici deux ans.
-je pense que les usineurs pro, pourront enfin trouver la reconnaissance professionnelle dans quelques années, il y a encore beaucoup de départ à la retraite à venir, et quasiment plus personne de formé actuellement, l'équilibre offre/demande va bien s'inverser un jour ou l'autre, à mon avis on ne plus en être bien loin, car lorsque je visite les entreprises j'entends souvent les patrons se plaindre de ne pas trouver d'usineurs "valable" (lire très productif et se contentant d'un salaire minimum)
-Et oui j'en ai gros.