Lime, scie, burin, bédane et grain d'orge... 6 heures par semaine en 4 ème et 3 ème technique ! C'était dans les années 59 -60.
6 heures d'ajustage sur 16 heures hebdomadaires d'atelier, ça peut paraître énorme, mais en fait il fallait bien ça pour faire rentrer le mouvement de l'outil dans la routine.
Certains se rebellaient, moi j'aimais assez ça. D'autant qu'on avait toujours d'excellentes limes et la ferraille appropriée. Et le goût de l'ajustage m'est resté.
Il a fallu que l'arthrose s'en mêle pour que je commence à me tourner vers les méthodes modernes de travail. C'est après la retraite que j'ai commencé à acheter du matériel électrique, à part ma fraiseuse horizontale transformée en tour que je bichonne depuis 30 ans.
Et encore... Cette machine de 1870 trouvée enfouie dans la vase dans un moulin à eau écroulé, je l'ai refaite entièrement à la main, y compris l'arbre de broche ovalisé et ses paliers bronze : limes, toile, pied à coulisse et micromètre, finition rodée à la cendre !
Idem pour la ligne d'arbre de mon compresseur bicylindre Westinghouse de camion Latil. Et il a fait tourner mon garage moto pendant plus de 20 ans.
Quand je vois des gars courir dans tous les sens pour trouver quelqu'un possédant la scie mécanique qui leur coupera leur bout de ferraille de 50 x 50, je pleure... Le temps qu'ils trouvent les clés de leur auto, j'ai fini de la leur couper !
Vive la lime ! (Au fait, une vraie lime c'est cher, difficile à trouver et ça ne s'empile pas pêle-mêle avec ses sœurs au fond d'un tiroir... Ça se respecte. )