River une aiguille

Bonsoir,
Très souvent sur les chronos modernes type Breitling, Omega, Hublot, etc, les aiguilles des chronos sont chassées beaucoup trop fort et se dérivent lorsqu'on les enlève. Et c'est exactement ce qui m'est arrivé toute à l'heure Les SAV officiels s'en foutent, ils changent le set d'aiguilles...

On rencontre aussi un problème de ce type sur les pièces anciennes, le canon est fendu et ne tiens plus, on dois alors le dériver et en refaire un nouveau.
Reriver ce canon, c'est toujours délicat dans les manipulations avec la potence, entre le canon perdu parce que ça saute, les mauvais alignement, la portée tellement petite que garantir la perpendicularité de l'aiguille avec le canon est très dur... Bref, étant souvent confronté à cette situation, j'ai eu le temps de cogiter et avec les horaires plus souples des vacances, j'ai pondu ça, vous verrez que je suis pas du genre très organisé et que ce que je fabrique évolue pas mal pendant le travail selon les aléas et l'humeur^^ donc, un bout de papier et un croquis fais en 2 minutes sur le coin de l'établi pour poser ce que j'ai dans la tête depuis longtemps

Direction l'atelier mécanique donc (et oui, tous les horlogers ne sont pas ordré^^)

Tournage, perçage, taraudage, plein de personnes le font mieux que moi alors je vais pas m'éterniser, juste quelques astuces.
Tronçonnage au bocfil, c'est très propre, économise de la matière. Faut juste arrêter avant la fin et séparer la pièce à la main sous peine de casser sa lame à tous les coup.


Bref, au final, j'obtiens ça (la portée en moins, c'est que j'avais pas de foret assez long, donc énervement, donc bricolage, donc foret cassé dans le trou, donc on raccourcis le tout).

Le filetage avait trop de jeu, et bien que j'ai arrêté de fumer depuis presque deux ans (dans six jours, la preuve que parfois, les bonne résolutions ça fonctionne ) j'ai toujours des feuilles à rouler sous la main.

Une fois ce problème réglé, je place le canon à reriver avec sa portée à raz.

Chasse de l'aiguille avec un tasseau percé (bien poli le tasseau sinon, on est assuré de rayer l’assiette de l'aiguille)

Rivetage, juste avec la pointe c'est suffisant (attention, si on tape trop fort, on risque de déformer ou pire, ''couper'' l’ourlet)

Mission accomplie !

Alors, c'est laquelle qui est réparée ?


Et le nouveau tasseau trouve sa place avec ma potence préférée (J'en ai 8^^)

Je peux inverser le sens de rotation de mon tour ce qui m'évite de monter la lame à l'envers.
Mais c'est sur que cette méthode est beaucoup trop dangereuse avec un mandrin à mors.

C'est pratique pour aléser, on voit mieux quand le burin travail sur la face opposée, et ça permet l'utilisation d'une plus large gamme de burin, voir de ne pas avoir à en changer entre le tournage extérieur et intérieur. Pour retirer rapidement une filière d'une longue tige filetée aussi (sans exagérer la vitesse de rotation bien sur). C'est pratique mais absolument pas indispensable.

Merci
Mon problème principal, c'est que je manque de temps et de place. Du coup, je range avant de commencer un nouveau travail et je laisse tout en plan une fois terminé pour me précipiter sur la tâche suivante. Ajoutez à ça que je récupère tous les outils qui me passent sous la main (dans la mesure de mes moyens^^) et que je ne jette jamais rien, mes layettes et étagères sont pleine à craquer et ça déborde sur les plans de travail.
Mais un jour, j'aurais assez de place, le temps, je pense que c'est toute l'âme de ce métier d'essayer de le dompter sans jamais y parvenir

C'est évident ^^