Re: Recherche témoignages techniciens et opérateurs d'usinag
Bonsoir
1-Je travaille dans une entreprise de 50-60 personnes environ dans les environs d'Annecy, 74000, spécialisée dans les technologies additives depuis une vingtaine d'années, je m'occupe de reprendre en usinage les-dites pièces sur un centre 3 axes, en tournage ou en érosion fil
2-Je trace mes parcours outils en CFAO 2D-3D ou CFAO fil, je conçois mes montages de reprise d'usinage en fonction des quantités (unitaire ou série), je les usine,je fais mes réglages et j'envoie la cavalerie.
Des fois je règle pendant 2 jours pour 30 secondes chrono d'usinage, d'autres fois je fais presse bouton toute la semaine, ça dépend. A coté de ça je fais de l'ajustage-montage, du polissage, bref, un vrai travail artisanal
3-Mon degré d'autonomie est total, j'ai mes fournisseurs, je gère mes stocks, des fois ya un gonze qui passe pour voir si las machines sont encore entières, paraît que c'est mon chef, sinon j'vois personne de la journée, ça tombe bien j'aime pas trop les gens.
4-Ben au départ j'ai une formation universitaire dans un tout autre domaine (pas servi à grand chose) et puis comme j'étais pas capable de vendre un sandwich à un type qui crevait la dalle même en lui donnant le fric pour qu'il l'achète j'ai rangé le côté commercial pour faire du copeau, j'ai fait une formation AFPA, puis je suis tombé dans une boite dans le médical ou j'ai fait presse bouton pendant 6 ans avec pour chef d'atelier un paysan avare et mesquin, imbu de sa personne et une langue de pute à la hauteur de son talent, un virtuose de la manivelle, un funambule de la 3D, j'ai serré les fesses, fait profil bas et décortiqué ses moindres faits et gestes (j'en ai ch...), ensuite la boite où je suis.
5-Uuuh j'ai pas trop compris la question , sinon, le contact avec les autres n'est pas trop mon fort.
6-J'aime mon métier dans sa globalité.
7-C'est un travail qui demande humilité, soin et patience, maîtriser les gestes de la main ainsi qu'acquérir de l'aisance sur les machines demande des années, et ça il faut l'accepter. Ceux qui arrivent pour "casser" la baraque et veulent que le travail soit vite gratifiant et gratifié sont souvent vite déçus. Je connais un tas de gonzes qui refusent de bosser si la machine ne fait pas 12 axes, en attendant ils ne savent même pas tourner, ils n'arriveront jamais à rien dans l'usinage.
8-Le marché se porte pas mal dans ma région avec deux bassins d'emploi conséquents que sont la vallée de l'Arve (décolletage) et la Suisse (horlogerie).
9-Mon poste à évolué vers plus d'autonomie, plus de responsabilités et plus de travail, au départ je ne faisais que du fraisage, puis du fil en doublon avec un collègue, puis maintenant qu'on à un tour, je fais aussi du tournage. La prochaine étape sera un nouveau centre, mais là il faudra un autre mécano, qu'on cherche depuis plus d'un an.
10-Excellente question, vu que nous n'arrivons pas à trouver des savoir faire, nous en sommes à rechercher un savoir être. Revoir le point 7 et ajouter la capacité d'écoute, mais nous sommes encore loin du compte.
11-D'abord, les imprimantes 3D ne sont pas nouvelles, c'est une technologie qui a bientôt 30 ans, ensuite mon entreprise est spécialisée dans ces technologies, je dois donc mon travail aux technologies additives. Bien entendu ça viendra de plus en plus empiéter sur l'usinage on ne va pas se le cacher, mais il faudra quand même des personnels pour programmer et mettre en oeuvre ces machines. De plus ces technologies ne peuvent pour le moment pas descendre en dessous de 1/10 pour la précision et les états de sur face sont encore assez grossiers Ra>1.6 (je parle pour le frittage laser de poudre métallique), or la mécanique de précision "travaille' justement en dessous de 1/10 pour la précision et en dessous de Ra 1.6 pour l'état de surface donc loin de cannibaliser l'usinage je dirais que ce sont deux technologies complémentaires, évidemment cela reste mon opinion (j'avais déjà écrit un post à ce sujet :
https://www.usinages.com/threads/stereolithographie-sur-metal.55005/)
J'espère avoir satisfait ta curiosité
Il est cependant important de ne pas se faire d'illusions.
-Tous ce qui font ce métier rêvent de bosser en autonomie et de tout faire eux mêmes, très peu y arrivent, j'ai une idée sur ce sujet et je la garderai pour moi, mais pour t'orienter, je te dirai que ça a quelque chose à voir avec le point 7
-Au départ j'étais comme toi, je voulais bosser avec mes mains, faire du tradi, je pensais que la CN signifiait obligatoirement presse-bouton, puis j'ai découvert qu'on pouvait faire les 2 , c' est très gratifiant car on peut faire bien plus de choses avec une CN qu'avec un tradi.
-L'industrie dans ce pays se casse la gueule, c'est paradoxal d'ailleurs, et en même temps la demande en opérateurs, régleurs, et techniciens d'usinage explose. C'est pas des conneries, dès que je dépose un CV, c'est la frénésie au téléphone. Mon boss cherche des usineurs, Y'EN A PAS, pôle bidule justement nous envoie que des gonzes qui sont à côté de la plaque, j'en ai marre de faire des entretiens.
Donc, à ton avis, feu de paille ou tendance durable ? La question mérite d'être réfléchie.
-Comme tu le dis dans ton post es tu bien sûr de ton choix?
-Je ne sais pas quelles sont tes illusions (on en à tous), mais si l'une d'elles est de t'enrichir, tu oublies.
-Si tu peux choisir entre le proto et la prod, sache que dans le proto tu auras le plus de chances de t'épanouir, mais ce sont souvent des petites boites, donc des petits salaires. Il y à bien du proto dans les grosses boites mais faut d'abord passer par la prod et subir l'écrémage.
Cordialement