Je reviens sur le texte fourni par Patrick Boucault , il est vrai que j'ai réagi un peu vite et un peu fort mais je ne voudrais pas laisser une mauvaise impression à une personne nouvelle sur le forum , tout le monde à le droit de se renseigner et je me considère toujours en tant qu'apprenti dans la forge et la coutellerie ..sans fausse modestie . Je ne sais qui à écrit cela mais il y a des incohérences flagrantes pour quelqu'un comme moi qui est en contact et qui réalise cet acier puisque c'est de Damas qu'il s'agit ( j'avais dit que je n'avais pas le temps, mais je vais le prendre)
1) La dénomination acier de Damas vient du nom de la capitale actuelle de la Syrie aux environs de laquelle nos braves Croisés de la seconde Croisade partis en 1147 pour délivrer Jérusalem des mains des infidèles ont été confrontés à des guerriers pourvus de lames courbes qui étaient capables d'entailler leur côtes de mailles .....déjà qu'ils s'étaient farci un voyage de plusieurs milliers de kilomètres dans les conditions de l'époque avec pour résultat de se faire tailler la couenne , le moral était au plus bas ( d'un seul coup ils ont oublié les "indulgences" que le pape Eugène III avait dispensé allègrement histoire de "ratisser large") et en plus ils sont repartis sans victoire et sans gloire.
2) Les techniques - " La première est la fabrication de lames en forgeant du wootz."
Le Wootz est un damas de cristallisation principalement élaboré en Inde , la technique consiste à placer dans un creuset réfractaire deux au minimum ou plus de métaux ferreux compatibles entre eux , on dispose au -dessus du métal du verre pilé qui va fondre pour former un bouchon empêchant l'oxydation du métal . On ferme le creuset et on monte jusqu'à 1450° , les métaux fondent et s'organisent entre eux formant un motif "en paillettes" centré de l'intérieur vers l'extérieur ; le bloc refroidi et sorti du creuset peut -être reforgé de préférence en respectant les lignes du motif . Le Wootz est un processus typiquement Hindou.
Dans tous les processus d'élaboration du Damas, il faut absolument empêcher l'oxygène de pénétrer le métal car il contrarie la soudure .
3) La deuxième, qui utilise de l'« acier Damas de
corroyage »,
Bien gentil de parler du corroyage mais ce terme n'existerai pas sans avoir quelque chose à corroyer... et ce quelque chose c'est le "massiot" sorte de grosse éponge spongieuse de métal à 1100° en forme de cul de saladier que l'on récupére à la sortie en ayant cassé le bas fourneau après trois jours de chauffe pour atteindre 1450° , le minerai fond libérant le métal qui va se charger des éléments présents autour de lui , cette éponge c'est de la fonte avec 2.5% de carbone , des trous partout et un tas d'impuretés logées à l'intérieur dont on n'a pas besoin , c'est à ce moment que commence le "corroyage" le massiot est placé sur l'enclume (ou le rocher suivant l'époque) et compacté avec des marteaux en bois , marteaux qui brûlent au contact mais qui compressent le massiot sans le détruire , une fois compacté on étire au marteau le bloc ainsi formé et arrivé à bonne longueur on le replie , on remonte en température de soudure , on ressoude , on étire à nouveau , on replie on ressoude etc , durant ce temps le bloc perd du carbone et surtout les impuretés sont expulsées par la frappe le processus est répété entre 11 et 13 fois pour arriver à un taux de carbone d'environ 0.8 à 0.75 % et une barre d'acier exploitable pour faire 1) des armes 2) des instruments agricoles .
Pour information c'est la methode "Gauloise" que j'ai décrit et nos ancêtres forgeaient à la suite un Scramasax , grande lame en forme de feuille de sauge qui servait aussi bien à taille des palissades qu'a régler les conflits de voisinage ... pour info on à retrouvé sur des sites de bataille comme Bibrac ou Alésia des sections d'os longs (humérus/cubitus) ainsi que des sections de boite crânienne donc ça coupait net et ça coupait bien .
En ce qui me concerne j'utilise 2 ou 3 aciers "durs" et non pas un doux et un dur, mais en notre siècle il est facile de connaître la nuance des aciers utilisés.
4) Cette deuxième technique se retrouve dans de nombreux pays et peut être liée à un savoir-faire traditionnel et ancestral (comme le
Mokume-gane japonais),
Pour info le Mokume-gane ,est un assemblage de plaques de cuivre rouge et de laiton, les plaque décapées sont montées en alternance dans une presse rudimentaire formée par deux plaques d'acier serrées entre elles par un jeu d'écrous /boulons ,le montage complet est introduit dans un four et porté à bonne température ( juste avant la fonte) une fois refroidi le bloc peut-être reforgé et manipulé pour obtenir des motifs. Inconvénient une fois réalisés les pièces en Mokumé ont un aspect visuel de couleur rose peu compatible avec le coté guerrier des armes blanches.
5) Les défauts et corps étrangers qui sont présents dans l'acier sont répartis sur toute la pièce d'acier, aidant à faire disparaître les points faibles. La structure cristalline de l'acier est également raffinée par ce procédé de forge. Ainsi, on pouvait fabriquer des épées et couteaux qui se brisaient beaucoup moins rapidement.
Alors là , il y a trois arguments éliminatoires ,
1) les défauts etc.... Ben non , ils ne sont pas "répartis" dans la pièce , ils sont expulsés par l'action du corroyage. Quel serait l'intérêt de former une pièce incluant les défauts initiaux mais d'une manière répartie ? Avoir des défauts partout ?
2) La structure cristalline de l'acier ....gna gna ... Ben non , la structure de l'acier est cristalline , c'est vrai mais ce n'est pas par l'action de forge que l'on puisse la renforcer ( en clair , c'est pas en tapant dessus) j'ai vu des vieilles pubs ( attention , hein) qui parlaient de rasoirs en acier suédois forgés "cinq fois" la structure moléculaire de l'acier est un cube à face centrées , qu'elle soit forgée une fois ou cinq ne change strictement rien à sa structure .
La possibilité de mise en forme de l'acier vient du fait que sous l'effet de la chaleur les molécules se dilatent ainsi que l'espace entre chaque molécule , ce qui permet sous l'effet d'une force mécanique (marteau/presse ) de déplacer ces molécules dans la forme qui nous intéresse sachant qu'une fois refroidi le matériau conservera la forme donnée ainsi que ses propriétés physiques et chimiques.
"Bien que l'appellation littérale de « lame de Damas » (en fait historiquement lame provenant de la sphère indo-musulmane) est celle liée à la fabrication de lame avec de l'acier de wootz, la relative rareté de l'acier de Damas originel a conduit à ce que le terme « Damas » désigne essentiellement des Damas de corroyage. L'usage du terme dans ce sens est donc devenu courant et légitime et, en réaction, les aciers de type wootz sont parfois appelés « vrai Damas ». "
Sur ce dernier point je suis un peu sceptique sur le mélange des civilisations indo-musulmane en une seule sphère .. à mes yeux ce sont deux entité parfaitement distinctes.
Que le Wootz soit typiquement Hindou c'est d'accord.
Que le corroyage soit attribué au musulmans , pourquoi-pas ( alors que les Gaulois utilisaient les mêmes techniques bien avant les guerres saintes , bien avant l'avènement du christianisme et de son église, bien avant l'islam dernière religion émergente)
Mais que le Vootz soit nommé "vrai damas" sachant que géographiquement Damas est en Syrie et pas en Inde ne tient pas la route.
Je sui néanmoins intéressé par le titre et le n° ISBN de la publication de cette personne pour ma culture personnelle.
Bien à vous
Claude