Re: Comment sont fabriquées les machines : l'oeuf ou la poul
La question est loin d'être stupide : par exemple, pour construire une machine à vapeur qui tienne la route, James Watt a longtemps buté sur le problème de l'alésage du cylindre, il a fallu qu'une entreprise "amie" réussisse à construire une aléseuse digne de ce nom (la première, paraît-il) pour obtenir enfin un cylindre correct ... Lire à ce sujet (sur le site "Forgotten Books") la biographie de James Watt par Andrew Carnegie, et, sur le même site, un certains nombre d'ouvrages (en anglais) consacrés à l'émergence de la mécanique de précision, tout au long du XVIIIe et du XIXe siècle.
Quelle que soit la machine dont on dispose, au dessus d'un certain niveau de qualité (par exemple : lorsque la machine à fabriquer est du même ordre de précision globale que les machines dont on dispose) on est est réduit à miser sur les statistiques ... Et l'huile de coude (grattage, polissage).
... Et des moyens de métrologie suffisamment sophistiqués (interférométrie)
Ca veut dire que dans certains cas il faudra écarter 3 pièces sur 4, ou 9 pièces sur 10, pour obtenir enfin l'élément de machine de la qualité souhaitée.
Une machine "de précision" est souvent une machine composée de parallélépipèdes bien rigides, et de pièces de révolution qui tournent dans ces parallélépipèdes ... Donc, pour contourner le problème de la "précision globale", assez souvent on le décompose en travaux plus simples que le problème initial, par exemple en essayant d'usiner des plans qui soient vraiment des surfaces planes, et les plus parallèles possible, avec des équerrages qui soient le plus perpendiculaires possibles, des cylindres qui soient aussi cylindriques que possible, le tout avec des états de surface optimaux, etc, etc ...
Des fabrications qui aujourd'hui apparaissent "banales" - telles que la fabrication de vis-mères de qualité uniforme, ou d'un plateau diviseur de haute précision - étaient encore considérées comme une sorte d'exploit, dans la 2e partie du XVIIIe siècle