domi.U&M a dit:
je ne comprends toujours pas comment on obtient une portion de sphère avec la méthode des deux disques. est ce que c'est parce que l'on part de disques? les livres que j'ai pu consulter ne sont pas parlants sur le sujet. Et avant de me farcir quelques centaines d'heures de manips répétitives, j'aime bien de comprendre pourquoi ça le fait! et en ce qui me concerne, je souhaiterais savoir si on ne peut pas automatiser, au niveau amateur, la phase d'ébauche de miroirs...
Pour L'histoire de l'obtention automatique de la sphère en frottant 2 miroirs, Stanloc explique très bien pourquoi un des miroir se creuse. Il reste à ajouter que la sphère est la seule forme qui permet à deux surfaces de s'épouser parfaitement dans n'importe quelle position l'une par rapport à l'autre. Si la surface n'est pas sphérique, en frottant dans toutes les directions, elles vont forcément se rapprocher jusqu'à s'épouser, et arriver à la sphère. Le résultat converge donc forcément vers une surface sphérique. En pratique, il y a toujours quelques perturbations qui font que la sphère peut être déformée, mais c'est suffisamment applicable pour arriver à une précision diabolique si on travaille avec soin.
Et quand on prend 3 surfaces, ce sont toujours des sphères qui vont s'épouser... Seulement, 3 surfaces ne pourront s'épouser que si elles ne sont ni concaves, ni convexes. La seule sphère qui répond à cette condition est la sphère de rayon infini qui n'est autre qu'un plan! On en revient à nos trois marbres... C'est fou comme la nature a bien fait les choses!
Pour automatiser la tâche, ça se fait. Mais le travail pour construire la machine et apprendre à la maîtriser représente à lui tout seul la réalisation de quelques miroirs... A moins de vouloir produire des quantités, la plupart des amateurs restent au stade du polissage manuel. De plus, polir un ou deux miroirs est certainement la meilleure des formations pour pouvoir maîtriser ensuite une machine. C'est là qu'on apprend à ressentir l'effet du dosage de l'eau et des abrasifs, les forces en jeu, le son qui indique le début et la fin de la séchée, la sensation d'un outil qui travaille bien et régulièrement etc... Tous ces retours sensitifs permettent de se familiariser et de comprendre ce qu'il se passe. En fait, le polissage présente aussi un aspect très sensuel!
il y a aussi un certain plaisir à s'inscrire dans le savoir faire des "anciens", et enfin une grande satisfaction de se dire qu'avec seulement ses deux mains et un bout de verre, on arrive à produire un objet d'une précision à donner le vertige!
Pour la poix, c'est vrai qu'il y a maintenant toutes sortes de produits industriels efficaces. Les amateurs qui s'y sont essayés en sont souvent vite revenus. Ces produits ne sont pas adaptés à des méthodes artisanales, ils sont faits pour produire vite et en quantité, souvent assistés de machines. La qualité n'est d'ailleurs pas forcément au rendez-vous, pour s'en convaincre, il suffit de comparer l'état de surface d'un miroir du commerce et celui d'un miroir fini soigneusement avec poix + opaline... C'est incomparable! Les amateurs et les pros n'ont pas les mêmes objectifs, il n'est pas choquant de constater qu'il n'ont pas les mêmes outils!
Enfin, il faut dire aussi que le moindre essai d'un nouveau produit ou d'une nouvelle méthode représente des jours, voire des mois, de travail pour un effort très rarement payant. Seuls quelques uns de ceux qui ont déjà plusieurs miroirs derrière eux s'y risquent. Si on n'avait que ça à faire, on le ferait, mais avec tout le temps qu'on consacre à aller bosser, on est bien obligé d'optimiser un minimum le temps qu'il nous reste!
Quant à la correction a postériori des images par un ordinateur, c'est certain que l'informatique fait des miracles, mais elle ne pourra jamais réinventer les détails qu'un système grossier n'a pas pu capter. On peut faire ressortir des détails avec des traitements très puissants, mais ces détails doivent déjà être présents dans l'image. C'est pourquoi les systèmes adaptatifs pour compenser la turbulence corrigent non pas l'image, mais directement la forme du miroir à l'aide de vérins. C'est à la source que les défauts doivent être corrigés, et quand on voit la complexité des systèmes, ce n'est pas près d'être à la portée des amateurs...
Bref, la bonne vieille optique à Papa n'est pas prête d'être enterrée chez les amateurs! Loin d'être une technique du moyen-age, c'est réellement les techniques qu'on utilise de nos jours. (d'ailleurs ce n'est pas si vieux que ça, le premier miroir en verre a été fait par Foucault et date de 1857).