Héhé, la projection thermique, ça mériterait bien un sujet, à l'occasion je m'y attellerai, le peu que j'en sais serviront peut-être à débroussailler le terrain à ceux qui découvrent
Ce qui suit ne concerne que la projection thermique "oxy-flamme" (carburant: acétylène, propane, hydrogène,...), qui est il faut le rappeler obsolète, remplacée depuis pas mal de temps par les systèmes à arcs (zinc et aluminium), plasma, HVOF (High Velocity Oxy Fuel), D-Gun,... qui sont maintenant fort répandus dans l'industrie.
Je crois qu'il faut d'emblée séparer deux procédés, ceux employant un fil (ou une barre) et ceux employant de la poudre.
-Système à fil: Généralement utilisé pour la métallisation (projection de zinc ou d'aluminium) dans le but protéger de la corrosion, je vous fait l'impasse sur les avantages/inconvénients par rapport au zingage, on le rencontre encore assez fréquemment dans les ateliers de poudrage électrostatique (peinture cuite au four comme on dit souvent). C'est souvent ce procédé qu'on appelle "schoopage ", du nom de l'inventeur de la projection métallique, le suisse Max Schoop (1910, j'ai du vérifier
).
En gros, le pistolet se compose comme un chalumeau oxy-acétylègne, auquel on a greffé une turbine à air comprimé, qui sert à entrainer un fil devant la flamme, un jet d'air comprimé (mélangé aux gazs de combustion) propulsant le métal fondu sur la surface à couvrir.
Il existe des fils d'autres type, sur base de fer ou de cuivre, mais il faut retenir que ce procédé est (était?!) principalement employé pour la protection contre la corrosion et maintenant aussi à des fins artistiques.
-Système à poudre: Surtout employé pour la projection de métaux durs, de céramiques, cermet, métaux d'usure,... Donc ayant pour but principal de modifier les caractéristiques de résistance à l'usure, à la corrosion à chaud, la conductibilité thermique (à haute temprature), on utilise des poudres, très fines. En gros le principe reste identique au fil, on fait bruler un mélange carburant/comburant fort énergétique (ici on emploie presque exclusivement de l'oxygène/acétylène, les températures de fusion étant élevées), on pulvérise de la poudre (effet venturi) et on améliore la vitesse par adjonction d'air comprimé.
Il existe bien sûr les kits types "Castollin", mais c'est pour plutôt pour faire de la réparation/dépannage, ici on achète la poudre par pots de plusieurs kilos, et le choix est plus large.
Il faut parfois mettre une couche de liaison avant la couche proprement dite, donc faire deux projections de nature poudres différentes.
Pour répondre à ta question Pierre, oui c'est faisable, mais on emploiera plutôt un procédé à poudre qu'à fil dans ton cas.
Si tu te lances dans la recherche de matériel, la référence pour pour ces pistolets est Metco (Sulzer-Metco en fait), pour ce qui est des modèles:
A fil: 10E, 11E, 12E, 14E (plus récent, peu de chance d'en trouver d'occasion), 16E (modèle actuel). Prix neuf 5-6000€.
A poudre: 5P, 5PII, 6P, 6PII. Prix neuf 5-6000€ aussi.
C'est du matériel cher, en occasion ce n'est donc pas pour trois sous non plus, autant le savoir pour ne pas louper une bonne affaire, il ne faut pas pinailler.
C'est assez rare d'en trouver, pour avoir pas mal cherché à une époque, mais on en voit, et parfois à des prix raisonnables, je dirais que 500€ est une bonne affaire, 1000€ la moyenne, et excessivement rarement, 50€ parce que la personne ne sait pas de quoi il s'agît.
Attention toutefois aux fausses bonnes affaires, il faut je pense se limiter aux 10E et 5P (puis tous les modèles suivants), rien d'antérieur, car ces appareils sont assez consommateurs en pièces détachées, usinées finement, qu'il faudra se procurer. A partir des 10E pour les modèles à fil, et 5P pour ceux à poudre, de nombreuses pièces sont communes aux modèles contemporains, des kits de mise à niveau existent pour rendre compatible ce qui ne l'est pas.
Les consommables par excellence sont les buses de bruleurs, pièces qu'on peut flinguer facilement à cause d'un mauvais réglage (les faire fondre, ou les colmater), c'est pas donné (environ 100€/pièce, et ça tient une dizaine d'heures, il y a déjà de quoi faire si on en prend soin).
L'approvisionnement en métal, pour la poudre, Sulzer-Metco ou Praxair sont les plus connus, pour le fil c'est beaucoup plus courant, Zinacor en fait ici à Angleur près de Liège, vous devez en avoir tout plein en France, c'est moins cher que le fil des deux premiers fabricants.
A côté, il est important d'avoir un débimètre (rotamètre) à oxygène et acétylène (modèle 2GF chez Metco), ça paraît bête comme truc, mais c'est ce qu'il m'a fallu le plus de temps pour trouver, et une centrale de détente pour acétylène (pas nécessaire si on projette du fil de zinc, le propane est bien adapté), les débits élevés (quelques m3/h) demandent de mettre plusieurs bouteilles en parallèle pour limiter la perte d'acétone, dangereuse d'une part, mais surtout nuisible à la qualité de la couche projetée.
Je ne veux certainement pas décourager qui que ce soit, bien au contraire, c'est un domaine passionnant, dans le parfait prolongement de l'usinage, mais je crois qu'il y a deux manières d'envisager ce domaine, la méthode "Castollin-eutectic", destinée aux réparations, avec un minima d'investissement, mais c'est comme faire des retouches de peinture avec un aérographe, ça marche bien mais c'est limité à cet usage. Ou alors comme les professionnels (des années 60-70
), là il faut tout de même un petit budget, et avoir l'envie d'expérimenter.
Les revêtements obtenus n'auront jamais la qualité d'un revêtement "technique" comme celui obtenu en plasma ou HVOF, plus poreux, moins homogène, fusion moindre, c'est certain, mais de nouveau reste à voir quelle est la destination de la pièce.
Quant-à savoir si c'est adapté à une broche de perceuse, j'ai l'impression qu'une trempe ou une nitruration serait plus adaptée, une portée d'arbre tournant par contre on arrive dans un domaine qui en profiterait plus. On s'en va vite à rêver de pièces revêtues de céramique genre oxyde de zirconium stabilisé à l'ytrium pour les applications hautes-températures ou les carbures de tungstène pour les surfaces de frottement
Voilà, c'est tout pour ce soir, j'espère que lorsque mon atelier sera remis en route je pourrai vous montrer tout cela en pratique, c'est fort intéressant comme domaine je trouve.
Bonne nuit.
François