Bonjour,
C'est une bonne question, et mieux vaut effectivement se la poser dès le départ.
Par contre, faire un rétrofit d'office me parait être une ligne de conduite trop simpliste que pour être universelle, c'est à voir au cas par cas je pense.
Certaines machines sont mises en rencard après qu'on ait tout essayé pour les réparer, y compris des manoeuvres de rétrofit avortées, d'autres par contre on été mises à la retraite dès l'apparition de la panne, sans qu'on cherche à en connaître la cause, l'état des armoires est alors très différent!
L'électronique date certe, mais pour les machines des années 80, elle est très simple, et généralement analogique (pour la partie puissance, je ne parle pas du contrôleur), il se peut que la panne soit due à un composant défectueux, et peut être facilement réparée, dans certains cas il faut par contre passer pas mal de temps à chercher.
Pour en parler souvent avec un ami Ecossais qui a pas mal de machines de cette génération dans son atelier, (une bonne cinquantaine), et qui les répare lui-même, les contrôleurs Heidenhain sont assez fiables, les problèmes les plus fréquents provenant alors des écrans ou des claviers, qu'on peut facilement retrouver à prix raisonnables, même pour les contrôleurs obsolètes.
Ceci dit, j'avais suivi à peu près la même réflexion que sativa55 quand j'ai acheté ma Bridgeport (en panne), ayant peur de mettre un doigt dans un engrenage couteux, mais je ne regrette pas d'avoir écouté les conseils, et d'abord tenté de réparer la machine tel quel avant de tout démonter pour faire un retrofit.
Au final cela m'a coûté bien moins cher (20€ de composants, et encore je me suis lâché et j'ai changé certains éléments préventivement), j'ai une bonne vue sur la manière dont la machine est commandée, en cas d'un éventuel rétrofit, et surtout, l'électronique d'origine est d'un tout autre calibre que ce que j'aurais pu me payer en composants lors du rétrofit.
Bien entendu, si par retrofit on entend remplacer l'existant par une commande Heidenhain actuelle, des drives et servos Siemens, il ne faut pas se priver

Par contre, en optant pour une solution "économique" il y a de forte chances de devoir faire des compromis sur les performances, et avoir une machine de 3 tonnes qui doit se contenter de passes de 2mm parce que les servos (ou les pap) sont faiblards, c'est un peu dommage, mais on arrive dans le domaine de goûts et des couleurs, à chacun d'établir son cahier des charges.
Une étude au cas par cas doit être faite, certains drives sont plus faciles à réparer que d'autres, et fonctionnent de manière plus ou moins centralisée, ce qui est bien entendu un désavantage pour les réparations.
Quant au contrôleur, c'est la partie la plus facile à remplacer en cas de problème, donc je ne m'en tracasserait pas trop.
En gros, je commencerais pas faire un diagnostique, puis j'aviserais sur le rétrofit, si la panne est facile à régler (et peu coûteuse), il n'y a rien de mal fait, et si par la suite un retrofit devait avoir lieu après un gros pépin, il sera toujours temps de s'y mettre. Par contre s'il faut changer des drives à tour de bras, autant couper court (et éventuellement revendre l'électronique d'origine si elle est encore fonctionnelle), mais avec le dilem que pose la sélection des nouveaux éléments, et leur impact sur les performances.
Deux problèmes me viennent en premier à l'esprit:
-L'utilisation de règles de verre, et donc d'une boucle double dans l'asservissement en position, je ne sais pas si c'est facilement possible, et les machines allemandes de cette époque en sont souvent équipées.
-Le passage à un moteur de broche asynchrone + variateur pour le comportement à basse vitesse (taraudage, surfaçage,...), car il y a souvent peu de vitesses (2-3), voir pas de vitesse du tout, sur les machines équipées de moteurs DC. Ce qui veut dire qu'un taraudage à 200 tr/min, on est au ras des paquerettes avec un moteur asynchrone, et je me demande, comparé à un moteur DC qui a un couple élevé même à 30 t/min, comment ça se passe lors de l'inversion du sens de rotation (les tours morts vont vites et entraînent de la casse). Au delà de ça, lors d'un surfaçage avec un tourteaux de 160mm, même avec une puissance disponible à la baisse par rapport à un moteur DC, il faudra modifier le moteur asynchrone pour le refroidir.
Je sais bien que les moteurs DC font un peu vieillots, mais ils avaient leurs avantages, et ces machines ont été conçues de manière à en tirer parti, il faut en tenir compte.
Pour conclure, si on a la place, c'est sûr qu'une de ces machines constitue une excellente base pour une machine CNC, pour un prix qui doit rivaliser avec l'achat de profilés en alu pour faire un routeur, mais avec des capacités qui n'ont rien à voir au final!
Par contre il ne faut pas avoir trop peur du presse-papier géant, c'est un cas de figure peu probable...
Bon courage dans ce projet!
Cordialement.
François