Histoire des verriers au chalumeau

  • Auteur de la discussion Gérard 34
  • Date de début
G

Gérard 34

Ouvrier
Bonjour tout le monde
Je suis verrier au chalumeau et ma femme vitrailliste. Je fabrique aussi des maquettes en verre et j'ai expliqué la fabrication d'une 2CV en verre dans la rubrique modélisme et je propose de vous expliquer l'histoire des verriers au chalumeau car en plus de notre boulot, on est membre d'une association nationale qui s'apelle l'AFAV (Association Française pour l'Archéologie du Verre) et depuis 5 ans nous faisons des recherches sur ce sujet.
Pour les gens, quand ils pensent souffleur de verre, automatiquement, ils pensent au souffleur à la canne (verrier à la main). Cette manière de travailler existe depuis très longtemps (3000 ans avant JC) mais il existe une autre sorte de verrier, le verrier au chalumeau ou verrier à la flamme que les gens ont moins l'habitude de voir (on doit être entre 15 et 20 en France). Le premier travail d'un verrier au chalumeau c'est faire du matériel de laboratoire puis de la sculpture de verre genre animaux fleur etc.....
Ce métier existe depuis le 14éme siècle. Des écrits datant des années 1320 font état de fabrication de petits personnages ou de perles en verre soufflées. Les verriers s’appelaient alors émailleur à la lampe. Pour cela, ils utilisaient une lampe à huile dont la flamme était ravivée par l'air d'un soufflet qui se trouvait dessous la table. De cette période nous n'avons aucune image mais on sait que le soufflet était simple, donc tant que l'air arrivait sur la flamme l’émailleur pouvait travailler mais une fois l'air épuisé, la pièce devait être terminée. C'est pour cela qu'ils ne faisaient que de petites pièces.
En 1528 un Italien Andrea Vidaore a perfectionné cette table en installant un soufflet à "deux âmes ou à vent perpétuel" et cette table à fonctionné jusqu’au début du 19éme siècle.
On a eu la chance il y a 4 ans en allant faire une conférence sur les perles en verre à Langeac à coté du Puy en Velay qu'une personne nous offre une table d'émailleur.

IMG_0628.JPG


Cette table qui doit avoir entre 150 à 170 ans a été achetée, on pense d'occasion, par la grand mère de cette personne en 1914 quand son mari est parti à la guerre. Elle s'en servait pour souffler des fausses perles de culture en verre pour nourrir ses enfants et en 1918 quand son mari est rentré, la table a été remisée dans une grange et n'a été bougée jusqu'en 2010 ou je l'ai récupérée. Avec ma femme nous l'avons restauré (2 mois) on a fait fabriquer une lampe et nous avons pu la faire fonctionner au bout de 6 mois. Actuellement nous sommes les seuls à posséder une table d'émailleur en fonction en France.
Voila le fonctionnement de la table
Dessous la table se trouve le soufflet, actionné par deux pédales. Ce soufflet comprend dessus une réserve d'air qui fait que l'on a toujours une pression constante

2.JPG


L'air qui sort de la réserve et ensuite dirigé sous la table par une boite de dérivation en fer blanc qui la distribue aux différents postes de travail

3.JPG


il passe par un petit tube de verre qui s'appelle "souffli ou chalumeau" et est dirigé sur la flamme par un petit déflecteur en fer blanc

4.JPG


la flamme est ainsi ravivée par l’oxygène de l'air et le dard obtenu monte a des températures de l'ordre de 700 à 750°

6.JPG


il faut noté que quand j'ai le dard sur la flamme, je peux mettre le doigt contre le petit déflecteur qui dirige l'air sans me bruler, il doit se trouver entre 50 et 60°
Il faut tirer notre chapeau a ces personnes qui ont inventé ça sans avoir tous les moyens actuels.
Voila j'ai fini mon premier chapitre. Je vais réduire des photos des différentes réalisations faites par les émailleurs pour continuer mon petit exposé
Gérard
 
L

Le débutant

Compagnon
.....Un seul mot : EXTRA ...et un GRAND MERCI (Je sens qu'il y en a pas mal qui vont suivre !...) :prayer:
Cordialement
 
F

Filsderaphaël

Ouvrier
Bonsoir Gérard 34

Félicitation pour ce sauvetage et pour cette leçon de savoir-faire ancien.
 
P

patduf33

Administrateur
Superbe outil de travail bien restaurer, et les explications qui vont avec :-D

C'est une table à deux postes en plus :wink:

Merci pour cette présentation

Pat
 
J

jms

Compagnon
Bonjour

Un sujet passionnant 8-)

Une de mes cousines, que je n'ai pas vue depuis des lustres, est verrier (verrière ?), elle travaillait dans une boite qui faisait des pièces pour les laboratoires.
 
C

Case590

Compagnon
Bonjour,
Merci pour ce partage de savoir faire :smt023
et pour ce goût de le transmettre à tous ... et, qui sait, de susciter des vocations.
 
L

Le débutant

Compagnon
Bsr
J'avoue que j'ai toujours admiré le travail du verre . Et je souhaite de tout cœur que ces métiers d'art perdurent
Cordialement
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Merci beaucoup, je suis content que ça vous intéresse. Pour l'instant je dois arranger les photos pour les faire passer sur le forum. Au sujet de la table, on a dénombré au moins 4 ou 5 métiers qui tournent autour.
Alors si je ne réponds pas à certaines questions, c'est que la réponse sera dans la suite de l'exposé.
Gérard
 
P

Pinpain

Apprenti
Bonjour,
Merci pour ce reportage. Je vais suivre ce post avec intérêt
(je suis ''verrier'' de métier). :wink:
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Salut Pinpain
Contents de te connaitre. Qu'est ce que tu fait en tant que verrier ?
 
P

Pinpain

Apprenti
Bonjour Gérard,
Je travaille au service maintenance dans une entreprise qui produit du verre pour le bâtiment ( 1200 tonnes de capacité de production).
Avant ça, je travaillais dans une usine de transformation du verre qui produisait notamment des lunettes et vitres de voiture.
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Salut
Avant de continuer mon exposé, il faut que je vous explique quelques particularités sur le verre. C'est pour mieux comprendre le travail des émailleurs.
A la base le verre est constitué de trois éléments: la silice (ingrédient principal) de soude ou potasse (fondant qui rabaisse la température de la silice) et de chaux (liant).
Le tout mélangé est porté a température de fusion, entre 1500 et 1550°.
Quand un matériau (fonte, acier, etc....) se trouve en fusion, la structure moléculaire change pour lui permettre de devenir liquide et en refroidissant les molécules reprennent leurs places initiales. Ce n'est pas le cas de la silice.
Dans le verre, la silice qui constitue le principal ingrédient du verre, fond a "basse température" grâce à la soude ou la potasse (obtenue avec des cendres de bois ou de végétaux). Cela s'apelle des fondants. Plus le taux de fondants est important, plus le verre va fondre à basse température (entre 550°et 800°). Normalement au refroidissement, les matériaux devraient reprendre leur structure moléculaire d'origine sauf que pour la silice, cela ne se fait pas et donc on se sert de la chaux pour servir de liant et maintenir la nouvelle matière en état. Cela fait que le verre est un matériau instable, on dit "amorphe". Il se situe entre le liquide et le solide. Si vous prenez une baguette de verre de 50cm et d'un diamètre constant sur sa longueur, que vous suspendez cette baguette pendant une bonne centaine d'année, le diamètre de la base aura augmenté alors que celui du haut aura diminué comme une goutte. Le verre aura coulé.
Il faut aussi penser que le verre est un isolant.
Pour les verriers au chalumeau; on utilise deux sortes de verre le borosilicate pour les fileurs de verre et le sodocalcique pour les perliers.
Le borosilicate et un verre moderne où la soude a été remplacée par du bore ce qui donne au verre plusieurs qualités: dilatation peu importante et résistance aux tensions énorme, état en fusion pâteuse. Inconvénient, température de fusion très haute 1300°. Une fois la pièce finie, suivant son mode de fabrication, on peut la laisser directement refroidir ou lui faire un léger recuit. Pour cela on réduit la flamme du chalumeau pour arriver à une température de 550°(point Quartz) qui est la température où le verre a pratiquement fini de se rétracter. Comme je l'ai cité plus haut, le verre étant un isolant, les transferts de température se font très mal à l'intérieur, donc on maintient la température extérieure avant que le verre se fige pour permettre à l’intérieur de descendre à cette température. Après la résistance aux tensions fait le reste. Le sodocalcique qui est un verre très chargé en soude, fond a des températures plus basses 750°. Il est plus facile à travailler que le boro mais demande plus de contraintes, petites pièces, obligation de préchauffage, recuit minimum 8h dans un four et viscosité trop importante.Le verre utilisé par les émailleurs contenait du plomb en grande quantité par rapport à la soude (entre 29 et30%) ce qui lui donne une température de fusion se situant entre 560° et 680° suivant les baguettes de verre. Il se situe plus du coté de l'émail que du verre d’où le nom d'émailleur à la lampe.
J'ai la chance de posséder un petit stock de verre datant suivant nos estimations entre 1850 et 1900 que je garde précieusement et qui me permet de faire mes essais. Quand je travaille ce verre je suis obligé de me servir d'une sonde thermique pour connaitre la température exacte de fusion étant donné que chaque baguette n'a pas le même mélange et que la température de fusion change.
Voila j'ai fini la séquence technique mais c'est pour mieux comprendre la suite
Gérard
 
E

eric.lartiste

Ouvrier
Bonjour à tous

Merci Gérard pour ce partage , je vais suivre tout ça passionnément :-D
cordialement
eric
 
L

Le débutant

Compagnon
Bonjour
...et moi de même ! ...et dire que l'on manipule du verre tout les jours et on connait rien sur lui, ou à peu prés rien ! ...Ce doit être infime ce "coulage" sinon les vieilles vitres, les vieux miroirs ou les vitraux seraient "dans les chaussettes" ? :mrgreen:
Cordialement
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Maintenant que j'ai fini mon cour technique (attention il y aura une interro écrite !!! :smt003 :smt003 :smt003) je vais passer à l'introduction de la table en France
Andrea Vidaore, qui a "réinventé" la table était Vénitien. A cette époque, les verriers avaient été transférés sur l'ile de Murano pour des raisons de sécurité, a cause des dangers d'incendie. Pour les fours, ils utilisaient du bois et le risque d'incendie était grand dans une période ou beaucoup de maisons étaient en bois. Seulement les verriers, isolés sur l'ile, étaient contrôlés et ne pouvaient quitter l'ile pour partir exercer leur métier ailleurs, ce qui permettait à Venise de garder son monopole sur le verre.
Si un verrier partait, sa famille était aussitôt transférée en prison. Dans le cas ou le verrier persistait, elle était exécutée et ensuite la république envoyait un "sicaire" (tueur à gage) pour exécuter le verrier.
Ce que les gens ignorent, c'est qu'une autre ville Altare qui se trouve du coté de Génes était concurrente de Venise et dont les verriers étaient formés à la même école que les verriers de Venise.

7.jpg

Altare se situe vers le grand rectangle

Ces verriers étaient regroupés en corporation dirigée par les "Magnifiques Consuls" et qui moyennant une redevance, permettaient au verrier d'aller exercer leur métier hors des frontières d'Italie.
Altare se trouvait dans le duché de Mantoue appartenant au Duc de Gonzague. En 1565 lors du mariage du Duc de Gonzague avec Henriette de Cléves fille du Duc de Nevers, celui ci amena avec sa suite pour s'installer à Nevers des verriers souffleurs à la canne et aussi des émailleurs avec leur table. Ces verriers s’installèrent tous le long de la Loire qui leur servait pour écouler leur marchandise. Les souffleur installèrent des verreries produisant le verre nécessaire aux émailleurs. Ainsi s'installa dans la région d’Orléans jusqu'à Saumur toute une industrie tournée vers le verre mais qui ne profitait pas aux personnes de la région. En effet, fidèle à leur engagement, les verriers Altariste faisaient venir du personnel d'Altare quand ils avaient besoin de main d’œuvre. En plus des frictions se produisaient entre verriers Français qui étaient de petite noblesse mais avec beaucoup d'avantage et les verriers Altariste qui eux étaient considérés comme simple verriers. Devant ces tensions, Henri IV décida de naturaliser les verriers Altariste et de franciser leur nom. de cette manière un des verrier renommé Bernardo Peroto devint Bernard Perot.
A partir de ce moment là, les émailleurs commencèrent à former des Français et le travail à la table se répandit.
On a dénombré plusieurs régions où on a retrouvé la table. D'abord le long de la Loire, du coté de Lyon, à Paris, vers la Bretagne et la Normandie et ensuite du coté du Puy en Velay
Demain je vous expliquerez la fabrication d'une figurine dite de Nevers
Gérard
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Pour Le Débutant
C'est quelques centièmes. J'ai un client qui possédait une fenêtre avec les carreaux qui avait dans les 180 ans dans son grenier. Après mes explications, il a voulu vérifier et effectivement il a remarqué un petit renflement sur le bas du carreau. Le verre avait été coincé entre le bois et le mastic et donc s'était déformé au dessus.
 
L

Le débutant

Compagnon
Bonsoir
EXTRA ton exposé sur les verriers : j'en apprend ! de plus, c'est passionnant ; Merci de cette précision (pour la vitre). Ce "coulage" est-il variable en fonction d'éléments "environnementaux" : température ambiante, hydrométrie, lumière ?
Cordialement
 
E

eric.lartiste

Ouvrier
Bonsoir à tous

Merci merci je trouve tout ça passionnant :-D d'ailleurs comme je le dis toujours si j'avais pas travaillé le métal se serait le verre :lol: j'ai eu la chance de visiter le musée du verre à Carmaux le site j'en garde un souvenir inoubliable tellement de belles piéces :eek: si vous passez dans le coin il faut pas hésiter à le visiter :wink: vite la suite :prayer:
cordialement et bonne soirée à tous
eric

DSC07623.JPG
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Non je ne le pense pas. Étant donné que le verre est un matériau instable, la nature veux remettre les choses en place et les molécules de silice veulent reprendre leur forme originelle. Il en résulte que le verre n'ayant aucune structure d'origine n'arrive pas à ce maintenir. En plus comme les molécules ne sont pratiquement pas jointes entres elles (que par la chaux) il a tendance à couler comme l'eau mais en beaucoup beaucoup.......plus lentement
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Pour Eric
J'ai fait Carmaux il y a 4 ans et c'est vrai il y a des verriers qui font des choses époustouflantes. L'avantage que j'ai, c'est que parmi ces verriers j'ai pas mal de bons copains, et que l'on fait des échanges de pièces. A la maison on possède une collection de pièce en verre dont certaine sont numérotées jusqu'au n°10 pas plus.
Un jour je ferai des photos de notre collection
 
L

Le débutant

Compagnon
re bonsoir
...je mettrais quelque petites photos d'un travail en verre que j'aime beaucoup, ... Je pense que tu pourras, Gérard, amener des explications concernant sa méthode de fabrication. (si tu le veux bien !) Mais peut-être ce développement n'a pas encore sa place, car tu n'en est pas encore au stade d'expliquer les méthodes de fabrication,...et je peux bien évidement attendre "le bon moment", c'est à toi de décider .
Cordialement
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Tu peux envoyer les photos. J’essaierai, si c'est dans mes possibilités de t'expliquer le travail. Pour l'exposé que je fais actuellement, c'est un résumé de toutes nos recherches effectuées depuis 5 ans et pour écrire je me serts de nos notes. J'ai déjà fais des conférences sur le sujet, mais c'est tout dans ma tête et dans un paquet de feuilles en vrac. Alors tu sais je n'ai aucun plan ni développement de mon exposé
 
E

eric.lartiste

Ouvrier
Gérard 34 a dit:
Pour Eric
J'ai fait Carmaux il y a 4 ans et c'est vrai il y a des verriers qui font des choses époustouflantes. L'avantage que j'ai, c'est que parmi ces verriers j'ai pas mal de bons copains, et que l'on fait des échanges de pièces. A la maison on possède une collection de pièce en verre dont certaine sont numérotées jusqu'au n°10 pas plus.
Un jour je ferai des photos de notre collection
Tu as beaucoup de chance!! ! avoir des pièces numérotées :-D moi j'ai acheté 4 verres et 2 sulfures la bas ( suivant mes moyens :lol: si les imp,,,me lâchaient un peu la grappe j’achèterai plein de trucs en verre , ça se marie bien avec le métal ) :mrgreen: bon pas numérotés mais j'ai fait plein de photos ( pour une fois que l'on nous dit pas photo interdit :mad: )
bien cordialement
eric
 
L

Le débutant

Compagnon
Bonsoir
Merci Gérard.
Bonne soirée à tous
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Bon je continue mon exposé
Aux cours de nos recherches suivant les périodes nous avons dénombré au moins 4 métiers qui tournent autour de la table:
Les émailleurs qui confectionnaient des petites sculptures en verre
Les patenôtriers qui soufflaient des fausses perles de culture
les fileurs et ensuite les souffleurs ( leur fabrication vous étonnera c'est la surprise :mrgreen: :mrgreen: )
En Italie les émailleurs faisaient déjà des figurines représentant la Commedia D'ell'arte

https://www.google.com/search?q=com...niv&sa=X&ei=86fpVPeVC4S1UYjpgfgK&ved=0CDgQsAQ

En France ils continuèrent à fabriquer des figurines mais complétement différentes Au départ ce fut surtout pour concurrencer les figurines de porcelaine blanche importées de Chine (hé oui déjà!!!!!). Très vite ces figurines eurent un grand succès auprès des nobles.
On connait ces figurines sous le nom de "figurines dites de Nevers" où les verriers étaient installés.
Il y avait plusieurs sortes de figurines, certaines allégoriques comme les quatre saisons
8.jpg

certaines plus simples qui étaient vendues dans des échoppes ou dans les ateliers d'émailleur et qui pouvaient représenter des divinités ou saint patron pour conjurer des sorts
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d'autres encore montée dans des retables, paradis ou crèche représentant des petites scénettes
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13.jpg

d'autres aussi servaient de jouets pour les enfants de nobles ( enfant, Louis XIII possédait une ferme entière en figurines pour jouer)
On trouvait aussi ce qu'on appelle des nids d'émailleurs. C'était des paysans qui pour agrémenter leur quotidien fabriquaient des petits sujets simples comme des animaux; qu'ils revendaient ensuite aux voyageurs de passage ou aux émailleurs renommés qui incluaient ces animaux dans leur retable
Actuellement un certain nombre de ces figurines se trouve dans des musées dont celui de Nevers mais beaucoup font partie de collection privée et donc difficile à dénombrer.
Parmi les émailleurs certains on éte célèbre comme Bernard Perrot qui fit la figurine de Louis XIV
Un autre émailleur fut aussi très célèbre il s'agit de René Lambourg (1780 1880) qui s'installa à Saumur en 1793
Il acheta une maison à Saumur qu'il transforma en hôtel et ou il installa son atelier. Ainsi il faisait des démonstrations devant le public et leur vendait sa production. A l'entrée de son hôtel, il avait installé comme enseigne de chaque coté de la porte un jouvenceau et une jouvencelle en verre grandeur nature. Il s'est fait connaitre surtout par deux œuvres, un lion grandeur nature et l'école de cavalerie de Saumur
L’école de cavalerie est une maquette de verre de 95cm de long. Le bâtiment est monté brique par brique, le toit tuile par tuile, la cour pavé par pavé, les cavaliers mesurent 1,5cm de haut et il s'est payé le luxe de mettre un couvreur en train de réparer le toit et un chat qui traverse la cour. Cette maquette est visible au musée de Saumur.
15.jpg

L'autre pièce se trouve au musée des Arts et Métier à Paris. Il s'agit d'un lion et d'un serpent en verre grandeur nature. Il a d’abord fait une armature en bois et en plâtre qu'il a ensuite recouvert de fils de verre représentant la fourrure du lion. Le serpent est monté pareil et recouvert d’écailles en verre. Temps de fabrication 30 ans
16.jpg

17.jpg

Petite anecdote, le lion fut présenté à la foire universelle de 1867 ou il n'eut pas le premier prix, motif temps de fabrication trop long, il eut juste la légion d'honneur.
Voila pour les émailleurs.
 
Dernière édition par un modérateur:
L

Le débutant

Compagnon
Bonjour
....Passionant, le mot est faible .... :prayer: ...Et pour le lion :cry: ...comme quoi un travail n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur ! ...sans commentaire. Merci pour le temps que tu consacres, afin de nous faire partager ta passion et ton savoir en ce domaine.
Cordialement
 
E

eric.lartiste

Ouvrier
Bonjour à tous

Magnifique :-D merci pour ton partage , le lion c'est un truc de "malade" à réaliser !!!
cordialement
eric
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Le deuxième travail autour de la table était la fabrication de fausses perles de culture. Il y avait deux corps de métier qui effectuaient ces perles. Les patenôtriers et les perlières. Le nom de patenôtrier vient de Pater Noster car les perles servaient aussi à faire les chapelets. Les patenôtriers étaient des artisans ayant pignon sur rue et fabriquaient ce qu'on appelait les "perles de grand beau" qui ressemblait à s'y méprendre aux vraies perles de culture.
Les perlières travaillaient soit en usine ou à domicile. Bien souvent elles se retrouvaient à trois pour travailler à la veillée. Aprés les taches de la journée, elles démarraient le travail vers 20h, 20h30 et terminaient vers 23h
25.jpg

Les perles étaient soufflées à partir d'un petit tube de verre calibré "le girasol" pour obtenir des perles d'un diamètre constant.
18.JPG

Autour de la table se tenaient les trois perlières, et celle du bout actionnait le soufflé tout en travaillant.
La perlière tenait un girasol avec une perle qu'elle venait de souffler au bout dans la main gauche. Dans la main droite, elle tenait le deuxième girasol qu'elle présentait sur la flamme de manière à chauffer juste le bout tout en gardant le trou du tube puis soufflait la perle. Une foi la perle faite, elle gardait le girasol dans sa bouche et avec sa main droite alors libre, elle prenait un petit couteau "la sciotte"
19.JPG

qui lui permettait de couper la perle du girasol qu'elle tenait toujours dans la main gauche. La perle séparée du tube, elle la récupérait avec sa main droite pour souffler une autre perle alors que de la main gauche elle prenait le girasol qui se trouvait dans la bouche (j'espére que vous avez compris :nananer: :nananer: :nananer:)
A ce rythme, elles fabriquaient environ 1000 perles par soirée
Je mets les outils qui se trouvaient sur une table pendant le travail pour une perlière. A part le réservoir à pétrole, qui était commun, chaque perlière avait les mêmes outils sur la table
5.JPG

Une fois les perles soufflées, celles ci étaient installées sur une petite tige de fer par 500 et ensuite revendues pour être teintées. Le tarif des 100 perles était entre 30 et 40 cts en 1850 ce qui devait représenter une bonne somme
Ces perles étaient ensuite envoyées à Paris ou se trouvaient des usines pour "orienter" la perle. On dit d'une perle en parlant de sa couleur qu'elle possède un "orient"
Cette couleur était obtenue par une substance qui s'appelait "liqueur d'orient" et qui était faite à partir d'écailles d'ablettes dissoutes dans de l’ammoniac. On utilisait que les écailles du ventre qui donnaient le coté irisé de la perle. Il fallait à peu prés 4000 ablettes pour faire 500gr d'écailles qui donnaient une once (30ml) de liqueur
Des piscicultures étaient installées autour du lac Léman pour l’élevage des ablettes.
Les perles une fois arrivées à l'usine, une ouvrière, injectait en soufflant à l'aide d'une pipette de la colle de poisson (faite à base d’arêtes) à l’intérieur de la perle et la posait dans un berceau
21.jpg

aprés un certain moment de séchage, elle injectait la liqueur d'orient toujours avec une pipette puis la remettait dans le berceau pour terminer le séchage. La perle était ensuite trempée dans de la cire liquide pour la remplir et la consolider puis ensuite cartonnée c'est à dire que l'on mettait à l’intérieur par les trous de la perle un minuscule tube de carton pour conserver l'ouverture et pour ne pas abimer la perle lors du montage du collier ou autre.
J'ai eu la chance qu'une cliente m'offre une de ces perle qui date des années 1850 (c'est son arrière arrière arrière grand mère qui en avait et qu'ils ont conservée) et deux aiguilles à chapeau qui doivent être du début des années 1900
22.JPG

La dernière perlière qui a soufflé une perle avec une table est une dame de 80 ans en 1978 pour un reportage
 
L

Le débutant

Compagnon
Bonsoir
...Sais-tu si ces technologies de fab. sont encore enseignées en écoles spécialisées, ou, si hélas, elles tombent dans l'oubli ?
Bonne soirée, cordialement
 
G

Gérard 34

Ouvrier
Non. Toutes ces méthodes se sont perdues, c'est pourquoi en en bave autant avec ma femme mais c'est quand même sympa à faire. Dans les prochains posts j'expliquerai la fabrication d'un noyau de figurine qu'on a pu faire (1 mois)
 

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