Bonjour,
Oh, là... Sujet passionnant et à aspects multiples !
Tout d'abord, Diomedea :
J’ai entendu dire que le bois d’ébène était dû à une maladie, un champignon me semble t-il ?
Non, là je crois que tu confond avec les loupes, comme la loupe d'amboine, par ex. (le plus cher des bois), rendue célèbre par les tableaux de bord des Rolls Royce.
Les loupes sont effectivement des excroissances maladives dûes à des blessures ou des attaques de champignons ou d'insectes, selon les cas. Chez nous, celles qu'on voit le plus facilement sont les loupes de platane. Ce sont ces grosses bosses qui apparaîssent sur les troncs. Une fois débitées en placages, on les emploie en ébénisterie.
En France, les plus recherchées étaient les loupes de noyer et les loupes d'orme mais... Il n'y a plus (ou presque) d'ormes en Europe à cause de la la graphiose, une maladie mycosique.
L'ébène est le nom donné au bois produit par plusieurs espèces d'arbres de la famille des Ebenaceae appartenant au genre Diospyros, appelés ébéniers (voir messages précedents).
Il y a quelques années, en sciant un plateau de 34 mm en iroko, une gerbe d'étincelles a jailli du trait de scie. J'ai stoppé net et j'ai découvert une poche vide de 15 x 100 mm env. en forme de fuseau, contenant ce que j'ai d'abord pris pour une pierre, que la lame avait effleurée. En fait, c'était une accumulation de sève chargée de silice qui s'était nichée là et qui avait durci comme une pierre.
J'ai conservé ce morceau :
La partie blanchâtre correspond au frottement de la lame carbure qui avait provoqué les éteincelles.
Le gaïac est, pour moi, le bois le plus agréable à tourner. Très cireux, il lubrifie le tranchant des gouges et fait de beaux copeaux. Effectivement, il désaffûte aussi les tranchants ! Mon grand-père, ancien de la "Royale", avant et pendant la Guerre de 14-18, me disait que l'eau de mer provoquait avec ce bois une sorte de mousse qui lubrifiait les arbres de couche.
Pilon en gaïac, tourné dans une branche (L 350, Ø max : 63). On voit la proportion de l'aubier :
D'accord avec toi pour la gestion des forêts :
"La surface boisée française a connu, par le passé, des périodes de fort accroissement : lors de la valorisation des landes de Gascogne au XIX° siècle, ou juste après la seconde guerre mondiale, avec les opérations de reboisement soutenues par le Fond forestier national. Mais ces dernières années, l'accroissement est devenu plus régulier ; il est d'environ 30 000 hectares par an sur la période 1998-2004. En France, les surfaces boisées ont progressé de plus de 10 % depuis 1981."
Source : l’Inventaire forestier national (IFN)
Voir :
http://www.bois.com/mieux-connaitre/for ... progession
Contrairement à ce que certains affirment, la consommation de bois, que ce soit pour la construction, le chauffage ou d'autres usages est parfaitement écologique, à condition d'assurer le renouvellement des arbres, évidemment, comme on le fait ici depuis Louis XIV et Colbert. Les Anglais n'ont pas eu cette sagesse à la même époque et leur marine a consommé toutes leurs forêts.
Il faut savoir passer de l'attitude de "cueilleurs" à celle de "planteurs". Le blé et les pommes de terre ne disparaîssent pas parcequ'on les mange ! Le problème, c'est que les arbres poussent moins vite.
Lorsqu'on replante autant, et même plus, qu'on ne consomme, les forêts deviennent un réservoir d'énergie considérable. Le bois brûlé produit du carbone qui est capté par les arbres en cours de repousse et vogue la galère. En revanche, il ne faut pas interrompre le cycle et, malheureusement, tous les pays n'ont pas encore notre politique de gestion des forêts.
Par ailleurs, en dehors des pays industrialisés, la plupart des hommes sur la planète, cuisent leurs aliments au bois (ou au charbon de bois) sur des feux ouverts qui ont un rendement déplorable, et c'est là la plus grande consommation qui en est faite, touts essences confondues. Si on veut vraiment protéger les arbres et la forêt qui sont les meilleurs "pièges à carbone", il faudrait à la fois replanter à outrance, partout dans le monde, et fournir aux populations qui en ont besoin, les moyens très simples de limiter la consommation de bois de cuisson, au moins, tant que la replantation ne couvre pas les besoins. L'action de certaines associations humanitaires va dans ce sens mais est encore très insuffisante.
En ce qui concerne l'emploi des bois dits "précieux", en gros, celles qu'on emploie en lutherie, ébénisterie d'art, coutellerie, etc, sur lequel certains "écolos" mal renseignés tirent à boulets rouges pensant qu'elles sont en voie d'extinction, il y a quelques années, j'avais appris quelque chose d'édifiant de la bouche de l'un des 3 ou 4 meilleurs spécialistes en la matière en France :
Sur la totalité de ces essences "précieuses" coupées, SEPT POUR CENT seulement sont réellemnt exportées vers les pays consommateurs et utilisées pour les usages cités. Le reste, hélas sert à faire la cuisine.
Évidemment, on ne peut pas reprocher aux gens de cuire leur riz ! La solution se trouve bien plus dans l'éducation et l'apport de moyens concrets, plutôt que dans des interdictions qui, de toute façon, ne produiraient QUE 7% de résultats positifs !
Gaston 48 :
Je pense que la matière lubrifiante contenue dans le gaïac s'apparente plus à une cire végétale qu'à une huile, mais ce serait à vérifier. Cela expliquerait peut-être pourquoi ça ne gomme pas ?