Barreaudage ancien

R

Roll

Compagnon
Bonsoir,
Un ami (professionnel) a entrepris la réfection de grilles de château: la lisse inférieure, posée directement sur la pierre du muret était corrodée (lui, va l'écarter de 5 cm).
Ce qui l'intrigue, c'est que les barreaux ronds sont en fait des tubes, que le "plat" des lisses est lui, constitué de deux U emboîtés l'un dans l'autre et surtout que tous ces creux sont remplis d'une mixture étrange qui fond et qui brûle brièvement lors du discage.
A l'examen, il me semble que cette matière gris-jaune, pas très homogène, dégage une odeur de poix qui serait mélangée à du sable?
Il s'agit là d'une simple hypothèse de ma part, mais qui pourra peut-être vous fournir des indications utiles...

Sachant que cet ouvrage doit avoir environ 200 ans d'après le propriétaire du château, quelqu'un pourrait-il m'en dire plus sur cette étrange façon de faire?
 
C

christophe81

Compagnon
le tube acier ayant à peine 200 ans, je crois que le procédé fut inventé en 1880 par manessman, il m'étonnerait que la grille ait plus de 200 ans :wink:

ensuite l'usage du tube en ferronnerie est encore plus récent, il ne se généralisera que bien plus tard avec l'arrivée massive des postes de soudure à l'arc (le procédé est arrivé en France vers 1830, mais est réservé à l'industrie au départ)

95% des ferronneries datant du 18° étaient assemblées par rivetage, frêtage, soudure à chaude portée, tenons et mortaises, mi fers, les barreaudages simples étaient généralement réalisés à l'aide de trous renflés...

tout ce blabla pour rassurer le proprio du château : sa grille doit dater des années 30 au mieux :)

bref, comment était fixé le barreaudage au travers des lisses?

quand tu dis 2 U emboités ; tu veux dire entrés en force l'un dans l'autre?

dans les éléments de ferronnerie ancienne, on retrouve souvent : des scellements au plombs ou au soufre, le sable dont tu parles pourrait bien être du souffre
 
R

Roll

Compagnon
Bonjour,
Oui, Christophe, je suis assez de ton avis.
Pour la date, 1930 n'étant pas si loin, peut-être le propriétaire s'en rappellerait-il? Par ailleurs, il estime "environ" 200 ans et non "plus de".
Tu écris:
je crois que le procédé fut inventé en 1880 par manessman
C'est à cet époque que Manessman mis au point le tube sans soudure, mais le tube ordinaire était bien antérieur (quelle date?)...
Il est vrai qu'il serait plus habituel de trouver du fer plein...
Le barreaudage est fixé aux lisses par un rivet traversant et ne faisant pas saillie sur l'extérieur de la lisse.
La lisse inférieure (la seule que j'ai vue, puisque la seule en mauvais état) est constituée de deux U emboîtés l'un dans l'autre et jointifs: le plus petit en dessous et l'autre qui vient coiffer le premier. Cet assemblage est normalement invisible.

OK pour les scellements au plomb ou au soufre, mais là, il s'agit d'un remplissage de tous les corps creux; c'est vraiment un procédé étrange !?...

J'ai deux hypothèses qui me viennent à l'esprit:
- soit les métalliers de l'époque hésitaient à accorder pleine confiance à ces tubes en tant que nouveauté et les remplissaient pour éviter la corrosion interne et se rapprocher le plus possible de leur usage habituel,
- soit ils auraient profité de ces nouveaux matériaux pour simuler du plein et jouer sur un (éventuel) différentiel de tarif d'achat du brut pour marger sur cette grosse commande (ou faire en sorte d'alléger leur devis?).

Qu'en pensez-vous?
 
C

christophe81

Compagnon
jamais entendu parler de cela, mais il est très possible qu'il y ait eu des margoulins :lol:

en revanche le rivetage dont tu parles, passes à travers le U faisant office de lisse et perpendiculairement aux barreaux? si c'est le cas, ça me semble plus qu'étrange comme assemblage, voir même improbable :shock: il faudrait une tite photo
 
R

Roll

Compagnon
Je vais essayer de te faire ça: ce sera plus clair; mais c'est bien comme tu le décris...
 
R

Roll

Compagnon
Voilà:


.
bas de grille.JPG
Sur celle-ci, apparait le détail du montage d'un barreau (je l'ai ouvert à la pince pour plus de visibilité)
DSCF0149.JPG
Cette photo montre le dessus de la lisse avec le départ des barreaux sectionnés; On distingue bien la substance de remplissage avec une zone foncée qui a fondu au discage et une zone éclatée qui révèle sa couleur originelle.
DSCF0150.JPG
Vu du dessous de la lisse inférieure fortement attaquée par la rouille; la partie centrale rouge correspond au dos du petit U .
Les bords externes foncés sont les extrémités du grand U.
 
C

christophe81

Compagnon
ça me laisse perplexe ce montage, première fois que je vois ça, je vais jeter un oeil dans mes vieux grimoires voir si je trouve quelque chose
 
R

Roll

Compagnon
Merci pour ton intérêt!
J'ai trouvé aussi cette façon de faire assez étrange, d'autant que si la majeure partie de ces grilles sont droites, de chaque côté du portail, il y a une partie courbe traitée exactement selon la même procédure.
Apparemment, c'est quand même bien se compliquer la vie!
 
C

christophe81

Compagnon
bon, et bien rien trouvé là dessus ; l'utilisation de profilés et du rivetage semblent carrèment incongrus et dans mes bouquins rien à ce sujet, j'ai aussi demandé à une pointure de la restauration en ferronnerie qui n'a jamais rien vu de semblable, au vu des photos et des techniques elle penche tout comme moi pour un bidouillage typique du 20° siècle (soit entre les 2 guerres, soit années 50) :wink:
 
R

Roll

Compagnon
Encore merci pour tes recherches! :smt002
Il est bien possible que ce montage étrange soit plus récent que ce qui a été dit: la mémoire est toujours sujette à caution...
Par rapport à l'utilisation de fers pleins, c'est une complication difficile à expliquer pour nous, d'autant que nous n'avons pas connaissance de tous les éléments.
 
M

MARECHE

Compagnon
Bonjour,
Il est évident que le but de ce montage était de faire moins cher, et avec du matériau tout venant récent. Du vieux fer s'oxyde beaucoup moins. J'ai vu des parties basses de grilles de balcon en fers U désitégrées par la rouille (age 80 ans) à cause de la relative stagnation de l'eau. Le remplissage du corps creux est une fausse bonne idée, car l'étanchéité ne peut être conservée bien longtemps et alors l'effet Evans (ou aération différentielle) corrode l'intérieur avec joie. Les vieux ouvrages étaient tous en fer massif, avec passage des barreaux dans des trous forgés dans la lisse. Vous avez donc affaire à une fabrication relativement moderne, moins de 100 ans (souvenez vous que la tour Eiffel n'est pas en acier...)
Salutations
 
R

Roll

Compagnon
Merci, Mareche,

Ton témoignage convaincant va dans le sens d'une des hypothèses que j'avais émises.
 

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